Résumé Le Provencal du 25 janvier 1960 |
A DEUX MINUTES DE LA FIN D'UN MATCH INDECIS Un tir canon de MORESCO qualifie l'O.M. MARSEILLE : 1 - Alès : 0 Les Marseillais avaient fait une excellente première mi-temps et les Cévenols dominèrent en deuxième |
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Nîmes (Par fil spécial) Ce n'est pas quelques minutes avant le coup d'envoi que l'entraîneur Alésien put aligner les onze noms qui allaient former son équipe. On savait que Wilson jusque là incertain, tiendrait finalement sa place mais par contre, Pelazzo, souffrant et fiévreux, ne dut qu'à des soins empressés d'être incorporé ay dernier moment dans la formation cévenole, alors que Serre était près à jouer. Un but refusé à Alès Les Alésiens prennent un départ rapide et Bosquier lance aussitôt Albertin avec à propos et précision. L'ailier fille le long de la touche, se rabat à toute allure et dans sa foulée décoche un tir splendide qui trompe Corazza. Malheureusement pour Alès, l'arbitre n'accorde pas le but prétextant un hors jeu préalable d'Albertin. Cette action bien conçue n'en reste pas moins méritoire et c'est ainsi que le duel entre les deux Olympique débute sous les meilleurs auspices. Le jeu se poursuit sur un rythme rapide. Tillon se montre à son avantage et sous ses coups de boutoir répétés la défense gardoise s'affole. Une faute de Delset sur Eschmann provoque un coup franc à la limite des 18 mètres. Bien servie, la balle arrive sur la tête de Durand, mais finalement passe à coté du montant. Meilleurs techniciens, les Marseillais s'assurent un avantage territorial assez net. Il est vrai qu'un vent assez fort facilite leur tâche. A la 8me minute, Tellechea, qui abat un gros travail alerte Albertin. Le centre de celui-ci est repris de la tête par Wilson mais la balle va à coté. C'est ensuite un très joli tir de Lachmann que Mallet pare avec Brio. Sur une nouvelle irrégularité de Delset, Eschmann sert un coup franc avec précision. Moresco reprend de volée et Mallet se fait applaudir pour un plongeon de toute beauté ; grace auquel le but est évité. Encore un arrêt spectaculaire de Mallet (14me minute) sur un shoot puisant de Celestin Oliver, puis Alès s'organise et fait jeu égal avec son adversaire. La partie s'anime Les deux équipes à présent se livrent à fond, et sans atteindre les hauts sommets, le niveau du jeu se maintient dans une bonne tonalité, tandis que l'intérêt du match reste soutenu. Grâce à une excellente reprise de volée, Moresco expédie la balle dans le coin droit de la cage mais Mallet est là pour parer au danger. A la 35me minute, on note un très joli mouvement ébauché de concert par Albertin et Brahim. Le premier tire en bonne place mais Corazza intervient avec sûreté. Peu après, Tillon obtient un corner que Durand sert avec précision. Dans une envolée spectaculaire, Mallet va chercher la balle au milieu d'un groupe de joueurs. Encore un bon shoot à l'actif de Eschmann qui provoque une nouvelle brillante intervention de Mallet et le repos survient sur le score de 0 à 0 |
Seconde mi-temps à l'avantage d'Alès Les Cévenols repartent en trompe et s'installent de suite en camp marseillais qu'ils occuperont le plus souvent durant les 45 dernières minutes du jeu. Duroure, très entreprenant, tente d'abord sa chance avec autorité, mais son tir passe à côté. Il obtient ensuite un corner (50me minute ) qui ne donne pas de résultats. Sbroglia, blessé, s'exile à l'aile gauche En tentant de s'interposer à l'action de Duroure, le demi-aile Sbroglia se blesse au genou. Après quelques soins sur la touche il rentrera à l'aile gauche ou il ne sera plus d'aucune utilité pour son équipe. Du coup, le ressort parait cassé pour l'O.M. et le niveau du jeu baisse sérieusement. A la 60me minute, Albertin à son tour est touché, il pourra toutefois reprendre sa place quelques instants plus tard mais il est fort éliminé. Duroure se distingue Les Alésiens appuient d'avantage leur action, mais Wilson, peu dans son assiette, fait avorter la plupart des attaques s'orientant de la gauche. C'est Duroure qui se montre le plus incisif des avants cévenols alors que Bosquier baisse pied après une bonne première mi-temps. A la 72me minute, un cafouillage monstre se produit devant la cage de Corazza. La balle parait devoir aller au fond des filets, mais finalement Ramon éloigne le danger. Pas pour longtemps ! Sur une ouverture de Duroure, Wilson parvient à centrer. Albertin reprend en force et Corazza, du bout des doigts, va chercher la balle en coin alors que le but paraissait acquis. C'est la balle de match que vient alors de parer le gardien marseillais. Celui-ci se distingue encore en détournant en corner un nouveau shoot de Duroure (75me minute) A Moresco, le but vainqueur Pour avoir laissé passer leur chance quand elle se présente, les Alésiens étaient à la merci d'un coup du sort. Le voilà qui s'affirme ! A deux minutes de la fin, Durand s'échappe sur la droite et alors qu'Hermann l'attaque, passe en retrait la balle à Moresco qu'il a vu arriver en trombe. Le shoot de celui-ci s'avère imparable, Mallet est battu. C'est le but de la victoire pour Marseille. M.L. |
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Un but de l'O.M. Dans la pure tradition marseillaise (De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES) |
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Nîmes (Par fil spécial) - le ciel était en train de virer franchement du gris sombre au noir et l'on commençait a se demander si les prolongations pourraient avoir lieu quand Alès obtint un corner. Comme il restait trois minutes environ à jouer et que le tableau d'affiche portait 0 à 0, Alès délégua son meilleur joueur de tête Pelazzo à l'attaque. L'O.A. visiblement jouait son va-tout. Le jeune Duroure tira ce corner trop court et a suite ne dura que quelques secondes. Le temps d'une rapide séquence d'excellent football direct bien dans la tradition olympienne. Durand parti au sprint, balle au pied, le long de la touche droite, sema son poursuivant Herman et arrive au niveau de la surface de réparation alésienne, centra très en retrait, ras de terrer et de façon la plus classique. La meute de défenseurs alésiens revenue à toute vitesse, suivit la fausse piste constituée par Tillon et ne s'aperçut pas que Moresco faisait mouvement vers le centre à partir de la gauche. Dans sa foulée sans contrôler la balle, Moresco frappa de toutes ses forces, et ce fut un admirable but, un de ces buts presque géométriques, comme les aiment les puristes du football. Un O.M. complètement transformé Ce n'était que justice que ce but, celui de la victoire de l'O.M. ait été magnifiquement amorcé par Durand et marqué par Moresco. En effet, surtout durant la première mi-temps qui fut à l'avantage des Marseillais, Moresco (4 tirs dont deux sur le poteau) avait été le meilleur tireur de son équipe et de la rencontre, tandis que Durand en net regain de forme s'était montré très dangereux à l'aile droite, ou ses déboulés avaient fait sensation. Mais il est bon d'ajouter que Moresco méconnaissable par rapport à ces derniers matches, et Durand n'avaient pas été les seuls olympiens dignes d'éloge, pendant ces 45 premières minutes. En fait, c'est un O.M. transformé, vif et tranchant que nous avons eu l'agréable surprise de retrouver durant cette période. Le centre heureusement amélioré par la présence de Léonetti construisait un jeu de qualité, la défense, avec un Bobik très sur faisait bonne garde et en attaque Tillon soulevait les applaudissements du public. |
Bref, un O.M. qui eut enchanté le dernier carré des ses fidèles supporters et qui menait le jeu à la manière d'un "leader" de la deuxième division. Mallet en grande forme Que l'O.M. n'ont pas marqué pendant cette première mi-temps est dû à la classe de Mallet et aussi à la sûreté de Pellazo, bien soutenu par Raphaël Tellechea, Delset et Zapatta Pourtant les Marseillais n'avaient pas oublié de tirer ses tirs excellents en tout, mais le poteau et Mallet avaient fait avortés toutes des tentatives. Pendant ce temps l'attaque alésienne jouant un peu trop en ordre dispersé valait surtout par la générosité de Bosquier, la vitesse d'Albertin e t la virtuosité épisodique de Brahim. Par contre l'ailier gauche Wilson faisait figure de débutant. D'un côté comme de l'autre d'ailleurs, cette première mi-temps avait été vivant est bien jouée pour un match de Coupe. Un espoir : Duroure En deuxième mi-temps ca cadence devait baisser sensiblement, Sbroglia, blessé et jouant les figurant à l'aide, Léonetti fatigué et Celestin au poste de demi aile l'O.M. rentra dans sa coquille. Et c'est alors que l'on vit apparaître le jeune Duroure, très effacé jusque là, et qui manifesta pendant cette deuxième mi-temps d'indiscutables qualités de finesse, de dribble et d'habilité manoeuvrière, qui ne peuvent être que d'un futur grand joueur du football français. On crut à plusieurs reprises que l'heure cévenole allait sonner, surtout quand, à un quart d'heure de la fin, Duroure tire à bout portant mais Corazza, au prix d'un remarquable plongeon et d'une manchette, réussit un sauvetage presque miraculeux. Et l'on s'acheminait doucement vers les prolongations quand. Mais vous n'avez qu'à vous reporter au début de cet article. |
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Dans les vestiaires de l'O.M. M. Zaraya avait la larme à oeil |
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Quand nous entrâmes dans les vestiaires de l'O.M., Celestin Oliver dirigeait le choeur de ses partenaires et c'est un tonitruant "Hip, hip, hip hurrah" qui ponctua la qualification de l'O.M. pour les seizièmes de finale. " Tu sais, dit le capitaine olympien à l'intention de Durand, quand tu es parti on aurait juré Garrincha". Quant à Moresco, le héros du jour, il rougissait comme une jeune fille, en recevant de nombreux compliments. Lucien Troupel, redevenu le joyeux Lucien, nous déclara : "Ils n'avaient pas aussi bien joué depuis au moins trois mois, j'espère que ce succès va les réveiller tout à fait" Puis il ajouta à l'intention de ses joueurs : " Bravo les gars, vous avez continué à vous battre, quand vous n'avez plus été que dix sur le terrain. Seul dans un coin, un homme ne disait rien, c'était le président Zaraya, tellement ému qu'il en avait les larmes à l'oeil. "Il y a tout de même de bons moments" lui disons-nous, mais en guise de réponse. Il ne sait que nous serrer la main. M.F. |
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SBROGLIA entorse au genou Blessé, en voulant contrer un centre de Duroure, dès la 46e minute, Sbroglia joua courageusement à l'aile gauche. Diagnostique du médecin : entorse du genou. PELLAZO joua grippé Avant la rencontre, Thomazover, qui se demandait s'il pourrait faire jouer Pelazzo fit se déshabiller le noir Sené. En effet, le capitaine cévenol, fortement grippé, ne put entrer sur le terrain, qu'après avoir ingurgité des cachets antigrippe. Ce qui ne l'empêcha pas de tenir remarquablement sa place. M.L. DANCAUSSE Un bon match La victoire de l'O.M. est méritée Le président Bernard Dancausse assistait à la rencontre après avoir déjeuné avec MM Sadoul, Chiariny et Zarraya ; Une rencontre au sommet, en somme, au cours de la quelle il fut notamment question d'un certain Aigouy. "Ce fut un bon match de coupe très indécis et agréablement joué" nous dit le président " et la victoire de l'O.M. est méritée, car ses joueurs furent ceux qui tirèrent le plus souvent au but. Mais, je n'avais pas vu de hors jeu, quand l'arbitre refusa le but marqué par les Alésiens dès la première minute de la rencontre. |
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Dans les vestiaires alésiens |
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Grande était la déception de joueurs et des dirigeants alésiens après le match. Jamais perdre s'exclament-ils les " C'est un match qu'on ne devait jamais perdre" s'exclament ils les uns après les autres. Le président Sadoul effondré sans un coin regrette la fatalité qui par deux fois cette saison devant le même adversaire, condamna son club dans la dernière minute d'un match jusque là très légal. "Ah, si le but marqué par Albertin en début de partie avait été valide, comme il méritait de l'être la face des choses eut probablement changée" affirmé Tomazover. C'est l'avis du président Dancausse et également de plusieurs arbitres et dirigeants régionaux qui tous se demandent pourquoi ce but a été refusé. Mallet de son côté déplore d'avoir été mal protégé lorsque Moresco marqua " en tenant une minute de plus, on gagnait durant les prolongations ". Oui mais voilà ! M.F. |