Résumé Le Provencal du 31 octobre 1960 |
L'O.M. obtient un méritoire match nul à METZ (3-1) Corazza héros de cette rencontre d'une qualité technique moyenne(De notre envoyé spécial : André HATCHONDO) |
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Metz (par téléphone). - Les Messins avaient semble-t-il, conjuré le sort en nous lançant les plaisanteries traditionnelles qui consister à demander à des Méridionaux, avec un certain air ingénu :" Pourquoi n'avez vous pas emmené le soleil avec vous ?" Comme pour confondre tous ses détracteurs le soleil se fit un malin plaisir d'être au rendez -vous et disparut après avoir fait un petit tour. Nous avons vécu le match Metz-O.M. d'une curieuse façon. A partir de l'heure "H" nous fîmes "pris en sandwich ". Rassurez vous ce n'était pas une cohue des grands jours qui nous mit dans une position difficile, mais bel et bien le match sur lequel nous fixions nos regards et le match de Stockholm que nous suivîmes en écoutant le poste de transistors nasillard de l'un de nos confrères lorrains. Position difficile que celle qui consiste à se partager en deux les yeux occupés par un décor, les oreilles mobilisées par une voix provenant de mille kilomètres. En réalité nous ne nous faisions aucune illusion sur les chances de l'O.M. La rencontre dès les premières minutes annonçait fertile en rebondissement qui allaient mettre les deux seuls supporters olympiens perdus dans le stade dans tous les états. Songez que le goal messin Altpeter toucha le premier ballon à la 37me minute et encore ce fut sur une passe de son demi-centre Scheid tandis que l'O.M. avait déjà concédé cinq corners. Pourtant la défense marseillaise avec un Corazza éblouissement et Maurice Gransart des beaux jours, un Misiasek intraitable, un Peri s'accrochant aux basques de Bessonnart toujours dangereux, demeurait vigilante. Non nous n'étions pas conviés à ce qu'on peut appeler un grand match. La rencontre prenait par instant l'allure d'un jeu de "pousse ballon" rendu plus pénible encore par une pelouse extrêmement glissante. Revirement favorable pour l'O.M. Mais comme il arrive souvent c'est au moment où on s'y attendait le moins que l'O.M. mettant un terme à une période trop longue d'hésitation et de maladresse se souvint que la formule et simple "droit au but" a lorsqu'elle est bien comprise quelque chose de magique. La défense messine jusque là fort bien organisée hermétique eut un relâchement fatal, Peri dépassa la ligne médiane, balle collée à ses pieds et lança Yansane. Souple comme une liane, l'intérieur, assez malheureux depuis le début de la partie, se débarrassés de deux adversaires et tira. Pour sa deuxième intervention Altpeter détourna le ballon, Ugolini surgit à point nommé pour réaliser le premier but (40'). Ce point jeta la consternation dans les rangs des supporters locaux qui avaient admiré les attitudes de Bessonnart. Versatile la foule dès lors siffla son "tragediante comediante" sud américaine. |
La mi-temps survient au moment même ou l'O.M. concéder le sixième corner de la rencontre. Metz réduit à 10 joueurs A la reprise du match les Messins se présentèrent à dix joueurs. A l'arrière Heinrich rejoignit clopin-clopant ses coéquipiers (55'), ce fut pour s'exiler à l'aile tel un figurant. Avec des infortunes diverses, l'O.M. et le Football Club de Metz attaquaient. Si nous nous en rapportons au nombre de corners concédés par l'un et par l'autre il est évident que les Lorrains se montraient supérieurs à leurs adversaires. Jugez vous-même. A la 55 Tillon shoot du pied gauche. Corazza au pris d'un magnifique saut et d'un coup de patte désespéré expédia le ballon en corner. Ouf ! Et ce corner était, à l'instant précis, le 9me concédé par les défenseurs marseillais. L'O.M. quant à lui n'en comptait qu'un à son actif (49') Après cet exploit de Corazza les Messins se ruèrent vers les buts. A la 56e minute Bessonnart réalisa un but d'une qualité technique sensationnelle. Le ballon échut à l'avant-centre dans une position difficile, il pivota sui lui-même et du pied gauche logea la balle dans l'angle de la lucarne. Un but sans bavure qui plaçait les deux formations à égalité. Justice semblait être faite. Corazza n'en poursuivait pas moins son festival, balles en hauteur, balles interceptées en plongeant dans les pieds des avants de pointe messins. Dix fois Corazza sauva son camp menacé en arrachant des cris d'admiration à ces anciens admirateurs. A la 72e minute le compte des corners concédés par l'O.M. avait grossi de façon inquiétante : 13 ! "Un chiffre porte-bonheur" nous souffla dans le creux de l'oreille l'un de deux supporters accouru de Marseille et qui espérait encore. Les corners effectivement ne correspondent pas toujours à des buts. Les Olympiens nous en administraient la preuve en vouant à l'échec par ce stratagème les assauts répétés des Messins que Nagy, leur entraîneur, exhortait du banc de la touche à coups de gueule. A la fraction de seconde fatidique ou M. Carette siffla la fin des hostilités, nos représentants poussaient leurs rivaux à leur accorder un deuxième corner. L'O.M. parvint ainsi à ses fins : ramener un point précieux de Metz dans ses bagages. Avouez que ce n'était pas si mal que ça ! La deuxième division fait fi des victoires par trop éclatantes. Qu'importe le flacon pourvut qu'on ait l'ivresse bien entendu. |
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Le Choeur olympien : "Un point, c'est toujours bon à prendre !" |
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Après avoir fait le procès de ses hommes dans le menu détail, Lucien Troupel conclut : "Ce ne sont ça que peccadilles mais pensez-y à mes conseils !" Examinant pour nous la situation : " Je suis content tout de même de mon équipe qui a appliqué les consigne. Bessonnart a marqué un but extraordinaire de technique et de précision. Dans l'ensemble Peri1 a tout de même empêché de jouer comme je lui avais demandé. Le choeur de l'O.M. entonna ce refrain : "Un point c'est toujours bon à prendre !" M. Zaraya pensait que l'on aurait pu gagner, grâce à un tir de Bruneton qui fut d'ailleurs arrêté impeccablement par le goal messin. Laissons-lui le mot de la fin : "Si on m'avait annoncé, avant le match que cela allait se terminer de cette façon, je me serais fait moins de mouvais sang. Vraiment je n'en demandais pas davantage." |