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Résumé Le Provencal

du 23 janvier 1961

 

BATTU 3 BUTS A 1 A NANTES

L'O.M. n'emploie ses meilleures armes que trop tard

(de notre envoyé spécial : Louis DUPIC)

Nantes - Après avoir quitté Marseille sous la pluie, nous avions trouvé le Val de Loire, baigné de soleil, la douceur angevine manifestant son influence jusqu'à la ville très voisine de Nantes.

Aux vestiaires, les Marseillais sont calmes. Les tribunes et les gradins du stade Malakoff, idéal pour le spectacle du football, son honorablement garnis et l'affaire commence.

D'entrée, Ugolini, servi par Kominek et Lefebvre, est arrêté pour hors-jeu à quelques mètres du but nantais.

Peu après, c'est Bielicki pour Nantes qui, en bonne position rate son tir.

Nantes domine légèrement, mais plusieurs longues balles marseillaises portent le danger dans le camp local.

Sur ouverture d'Aygoui, un raté de Caullery surprend tout le monde, y compris Sansonetti, son adversaire direct, qui ne peut en profiter.

Vers la 10me minute, le jeune avant-centre nantais Gondet se met en évidence. Il décoche un très bon tir de volée, bien arrêté par Corazza.

Une minute plus tard, il déborde et centre. Couronne à la réception est bousculé.

Attention à ce Gondet !

Nantes, d'ailleurs, joue très bien. La défense marseillaise limite les dégâts.

Gondet ouvre le score

Ce but, nous l'attendions un peu et le redoutions pour l'O.M.

À la 14me minute, Dereuddre sert Gondet en profondeur, à la suite d'une mauvaise passe en retrait d'Aygoui. Milazzo hésite, ne peut intercepter la passe et l'excellent avant-centre part comme une flèche et va battre irrésistiblement Corazza. Un but remarquable.

Mais, peu après, Lefevre est à deux doigts de battre Bachortz.

Fieri le retient nettement de la main...

Tellechea peu après, se rend coupable de la même faute envers Schindlauer, Caulerry bouscule violemment Sansonetti.

Molla n'arrive pas toujours à contenir Gondet, plus rapide, athlétique et très bien inspiré. Il centre et Bielicki tire nettement au-dessus à la 25me minute.

Disons-le tout net ! C'est le bloc défensif marseillais qui fait face. Nous n'entrevoyons pas comment les avants pourraient marquer. Ils se battent courageusement, mais sans harmonie ni réussite et M. Lamour n'est pas tendre pour eux.

Bachortz, à la 30me minute, fauche magistralement Aygoui, déjà sanctionné peu avant de hors-jeu imaginaire, alors qu'il se trouvait en bonne position. De cela, nous avons pris l'habitude. Il n'empêche que ce soit fort regrettable.

À la 37me minute, Schindlauer tente ce que l'on appelle en basket un passage en force, et il s'étale.

Coup franc à la limite, dit M. Lamour. Le même Schindlauer tire, assez mal d'ailleurs. Mais la cuisse de Misiasek dévie la balle de sa trajectoire innocente et prend Corazza à contre-pied.

Alors, l'O.M. ne gagnera pas ce match.

On approche de la pause. Bachortz arrête très bien un tir de Milazzo. Sur mauvaise sortie de Bachortz, Rousseau sauve sur sa ligne après action de Sansonetti.

Et c'est la mi-temps.

Gondet exécute l'O.M.

La partie venait à peine de reprendre et Gondet partait à toute allure avec Molla à ses trousses. Molla tente un retourné acrobatique, glisse et le manque.

Gondet s'en va, évite Gransart et marque d'un tir terrible, qui rebondit sous la transversale.

Cette fois s'en était finie des espoirs marseillais.

Gondet devait partir deux fois irrésistiblement, mais il était abattu en combat régulier la première fois par Misiasek, la seconde fois par Gransart.

Sur corner obtenu par Ugolini on applaudira un heading puissant mais dirigé de peu au-dessus de ce même Ugolini. Un centre de Lefevre (55me minute) passe devant le but nantais sans que personne puisse le reprendre. Cela se reproduira souvent.

Ugolini réduit la marque

Deux minutes plus tard, une passe de Kominek trompait la défense nantaise. Aygoui bien placé, battait Bachortz d'un tir croisé et Ugolini pour plus de sûreté, accompagnait la balle dans la cage.

Nantes a maintenant perdu sa belle assurance. Une contre-attaque marseillaise est ponctuée par un tir tendu de Sansonetti, qui passe au-dessus de la barre.

Il est dommage que les efforts offensifs de l'O.M. en cette deuxième mi-temps, ne se traduisent pas par des buts.

Mais Nantes se montre aussi sensé en défense que tout à l'heure en attaque lorsqu'il marqua le 2me but. Ces défenseurs concèdent corner sur corner et Sansonetti (80me minute) reprend de volée une passe de Aygoui, Bachortz arrête.

Tellechea tente sa chance de loin. Sansonetti et Ugolini échouent de quelques centimètres.

Les Nantais ne quittent plus leurs seize mètres. La foule hurle. Toute l'équipe marseillaise se porte à l'attaque. Rien n'y fait. Nantes a gagné.

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Le jeu de GONDET a fait la différence

Nantes - L'O.M. a racheté par une excellente seconde mi-temps son exhibition très moyenne de la première.

Son mérite fut grand, alors que tout semblait perdu, de continuer à se battre avec conviction et de donner, somme toute, un match intéressant au nombreux public nantais.

Le souvenir de celui de l'an passé est toujours intact dans la mémoire les Bas Bretons. Celui de hier ressembla étrangement par son aspect général.

Nantes joua pendant trois quarts d'heure les maîtres à jouer et fit admirer la technique raffinée de ses Couronnes, Dereuddre et autres Schindlauer devant une équipe marseillaise qui s'efforçait de l'imiter et à qui cela ne réussissait guère.

A cet égard le plus qu'on puisse reprocher aux Marseillais fut l'imprécision de leurs passes qui ne leur permit jamais de se trouver réellement en position de tir pendant près d'une heure et la préciosité de style qui ne leur va pas du tout.

Ensuite, changement à vue ! L'O.M. prit carrément la direction des opérations et le jeu élégant des Nantais fut littéralement balayé par l'enthousiasme, la détermination, la condition physique éclatante des visiteurs.

S'ils ne marquèrent pas trois ou quatre buts en seconde mi-temps c'est que le dieu des batailles était nantais

Alors me direz-vous, pourquoi les Nantais ont-ils emporté ?

Tout simplement par ce que, pendant près d'une heure, un jeune garçon nommé Gondet, venu récemment de Blois, qu'entraîne notre ami Gabrillargues, se révéla comme un véritable monstre d'efficacité. Ses deux buts furent des modèles de promptitude et de décision. Tout y était : la vitesse et le sens de la course, la force et la précision de la frappe.

Gondet ira loin !

Ce qui est fort surprenant dans tout cela c'est que l'O.M. ait joué aussi mal pendant une longue mi-temps pour être aussi perçant, aussi maître du jeu dans la seconde partie de la rencontre.

Bien sûr, il est assez miraculeux que Bachortz, le gardien nantais, n'ait pas encaissé deux ou trois buts au cours de la période de pointe marseillaise.

Les avants marseillais échouèrent dix, vingt fois de justesse, pour quelques centimètres.

Après la rencontre Lucien Troupel était fort en colère contre ces hommes, pour les raisons exposées plus avant.

S'il faut entrer dans le détail nous dirons que si aucun des marseillais ne joua bien en première mi-temps, aucun ne joua mal en seconde.

On peut renverser cette appréciation en ce qui concerne les Nantais, désunis, épuisés et beaucoup plus en dehors du circuit en seconde mi-temps que les vaincus du jour ne furent en première.

Les Marseillais cela est certain, se reprocheront longtemps d'avoir perdu un tel match sans que leur gardien Corazza ait eu à faire plus qu'aller ramasser la balle au fond de ses filets.

Pour une fois nous dérogeront à la coutume qui veut que nous hissions quelques joueurs sur le pavois, tant ils furent irréguliers dans leurs actions.

Nous nous contenterons d'y placer le jeune Gondet qui l'a bien mérité.

 

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