Résumé Le Provencal

du 03 avril 1961

L'O.M. VAINQUEUR A BOULOGNE

(De notre envoyé spécial : Marcel SERRE-SUBE)

BOULOGNE-SUR-MER. - Les équipiers de l'O.M. n'ont pas été heureux (touristiquement parlant) pour leur week-end de Pâques à Boulogne.

Arrivé samedi à 11 h. du matin dans la ville maritime, la pluie n'a guère cessé de contrarier leurs projets de promenade.

Aussi avait-il consacré leur samedi après-midi au cinématographe. C'était le film "Alamo" qu'ils choisirent.

Dimanche matin la pluie fit de nouveau son apparition, mais à l'heure du coup d'envoi de la rencontre Boulogne - O.M., une éclaircie se produisit et c'est sur une pelouse en bon état que se déroulera ce match si important pour les deux équipes.

M. Devillers, arbitre désigné pour diriger les débats, a failli déclarer forfait pour un claquage à la jambe. En définitive, il assurera ses responsabilités en courant le moins possible...

À l'O.M., Lucien Troupel a choisi Bedelian pour tenir le poste d'arrière droit de préférence à Gransart, souffrant encore de son genou.

À la mi-temps de cette partie engagée par Boulogne, c'est l'O.M. qui très légitimement va mener par 2 buts à 0 après avoir dominé et conduit le jeu devant une équipe nordiste bien inconsistante en son attaque.

Les choses avaient pourtant mal commencé pour les Marseillais puisque à la 5me minute, à la suite d'une montée concertée opérée à trois : Lefevre - Milazzo et Sansonetti, le rude Piatek blesse l'avant-centre provençal qui doit sortir pendant cinq minutes pour se faire soigner sur la touche.

Même réduits à dix, l'O.M. mène le jeu.

Lefevre, en position d'avant-centre, puis Vescovali tire au but.

Boulogne concède successivement deux corners. Nous voyons ensuite le colosse noir Douglas tirer à côté des buts.

A la 25e minute, l'éclopé Sansonetti va concrétiser la domination de son équipe. Voici comment :

Un coup franc est accordé à l'O.M., sur une nouvelle irrégularité de Piatek. La balle est placée à 30 mètres, Kominek tire le coup franc sur l'avant-centre marseillais qui prend la balle sur le pied droit et tire en pivotant, prenant le gardien Pages à contre-pied et le battant de très près.

Corazza intervient ensuite sur un corner.

Un nouveau coup franc incite Kominek à servir Sansonetti. Ce dernier dévie de la tête le ballon que récupère Lefevre, mais le tir de ce dernier et stopper.

Un but refusé

A la 32me minute, l'O.M. va marquer un second but par Lefevre qui a repris un centre de Vescovali. Mais l'arbitre annule le point pour un hors-jeu plus que discutable, puisque un défenseur boulonnais se trouvait sur la ligne de but.

A la 40me minute, Sansonetti va assurer la victoire de l'O.M. en marquant un excellent second but, Kominek ayant effectué un changement d'aile, l'avant centre marseillais bat Pages qui ne peut rien sur ce tir placé étendu.

Une minute plus tard, l'O.M. rompt la réaction boulonnaise en concédant un corner et la première partie du jeu se termine par un coup franc tiré par Kominek juste au-dessus de la barre transversale.

La seconde partie du jeu va être beaucoup plus hachée et quelconque. La voici schématisée :

Dès les premières secondes, un tir de Lefevre est à noter. Deux minutes plus tard, Sansonetti à son tour shoote.

A la 49me minute, corner contre l'O.M. puis tire de Milazzo à côté.

A la 55me minute, Corazza stoppe sans difficulté un coup franc puis doit plonger sur une action de Douglas.

A la 65me minute, Vescovali réplique en tirant au-dessus de la barre transversale après un travail d'approche de Kominek.

Nouveau tir de Vescovali repoussé difficilement par Pages. L'ailier marseillais est imité immédiatement après par Douglas.

A la 68me minute, tir très appuyé de Sansonetti que Pages bloque bien.

Kominek mène le jeu à sa guise sur le terrain. Deux corners successifs sont obtenus par l'O.M. a la 76me minute.

A la 87me minute, une ouverture de Kominek lance Vescovali. Le petit ailier droit s'infiltre au centre et tire de plein fouet. La balle est renvoyée par le poteau gauche alors que le gardien était battu !

Vescovali prend le ciel à témoin de son infortune.

Ce sera le dernier fait notable de la partie qui s'achève logiquement sur le score de 2 à 0, encore que l'O.M. aurait pu obtenir un succès plus net.

Marseille a mené son match de bout en bout

BOULOGNE-SUR-MER. - Les équipiers de Lucien Troupel abordaient ce match avec une résolution sans faille et une décontraction plus grande qu'il y a quinze jours à Cherbourg.

Le résultat ne se fit pas attendre : l'O.M. menait à la mi-temps par 2 à 0 et aurait pu compter trois buts d'avance sans l'annulation d'un but marqué à la 32me minute par Lefevre. L'arbitre resta évasif en fin de partie pour expliquer cette annulation : "hors-jeu de position de deux marseillais" nous jeta-t-il.

La chose paraît improbable puisque Pages, le gardien de buts, et le demi Piatek se trouvait sur la ligne de but lors de l'action incriminée. Ce fait, en lui-même, n'a eu aucune influence (sinon sur le goal average) mais il démontre de manière plus imagée que fut la domination marseillaise en cette première mi-temps.

En ce jour de Pâques, l'O.M. a connu une résurrection complète. En effet, si aucun but ne fut marqué en seconde mi-temps, cela ne change rien à l'orientation du match qui fut donné par l'O.M. jusqu'au coup de sifflet final. Mais la défense opiniâtre de Boulogne, une non réussite dans les tirs (Lefevre 46me, Milazzo 55m, 76me, Sansonetti 47me, 68me, Vescovali 65me, 67me et 87me minute) ont empêché que la confrontation de se termine par 4 ou 5 buts d'écart en faveur de l'O.M.

Une telle issue n'aurait rien eu d'extraordinaire. Ce n'était pourtant pas une simple promenade de santé que de passer les "vieux renards" que son Bernadet et Piatek : les chevilles de Sansonetti, Kominek, Lefevre et compagnie nous le confirmeraient. De plus, le gardien Pages, très en progrès sur son début de saison, a été un obstacle valable aux assauts marseillais. Le demi Rudier a été également très actif. Mais quelle faiblesse dans l'attaque boulonnaise Douglas est devenus la caricature d'un joueur de football et dans laquelle Halberda et Gaeremynck ont semblé bien loin des promesses passées.

Et les Marseillais ? avez-vous pensé. Nous avouons avoir des scrupules à citer tel ou tel sur le plan individuel dans la prestation d'ensemble fut remarquable. Il nous faut pourtant dire la part prépondérante prise dans la victoire par le meneur de jeu Kominek et le réalisateur Sansonetti.

Contre Cherbourg, nous avions été étonnés de constater le nombre inhabituel de passes faites à adversaire par l'Autrichien. Dimanche, Kominek fut parfait, comparable au Kominek du match de coupe Racing-O.M., malgré la "prise en charge" du rude Piatek.

Quant à Sansonetti, "sonné" dès le début, de façon préméditée, il a malgré cet handicap, marqué les deux buts de la victoire et démantelé l'adversaire par sa présence percutante. Nous avons aussi beaucoup apprécié le travail de Lefevre, en forme. Milazzo s'est dévoué au jeu collectif tout au long des 90 minutes.

Vescovali fit une rentrée satisfaisante, terminant mieux la partie qu'il ne l'avait commencée.

La défense fut un bloc homogène dans lequel Bedelian se mit entièrement à l'unisson des Molla, Misiasek (excellent), Tellechea et Bruneton.

Corazza, lui, ne fut pas surchargé de travail. Ce manque d'activité explique peut-être quelques hésitations, deux fausses sorties et un "blocage" de ballons dans le vide. A part cela, trois ou quatre excellentes interventions sur balles basses. Mais nous avons dit ne pas vouloir dissocier les onze vainqueurs de cette nouvelle bataille de la Manche. Bravo donc à tous, ils ont mérité, à Boulogne, l'estime de leurs supporters.

TROUPEL : " Le plan prévu

Joie et sourires dans le camp marseillais après le match. L'entraîneur Lucien Troupel nous dit : "nous avons réussi à appliquer la tactique prévue et s'assurer l'avantage dès le début. Avec deux buts d'avance à la mi-temps, la partie était gagnée. Nous aurions pu, avec une plus grande réussite, modifié la marque à 4-0, le score du match allait. Mais n'en demandons pas trop..."

Le président Zaraya était rayonnant à l'issue de la partie : "non seulement l'équipe à gagner, mais elle a bien joué. Une de ses meilleures parties de la saison certainement."

Maurice Ransart, qui assista au match du banc des remplaçants, était de l'avis de son président : "Les copains ont sorti un match de dernière et fagots".

Avant de s'engouffrer dans les voitures, venues les chercher à la porte du stade pour les amener à Dunkerque, où ils joueront aujourd'hui lundi un match amical, face à l'équipe locale, des footballeurs marseillais étaient de joyeuse humeur.

Milazzo : "c'est pour nous de joyeuse Pâques. Lorsque nous pouvons appliquer la tactique énoncée ça marche..."

Molla : "Bon match, hein ? Il nous faudra continuer sur cette lancée."

Sansonetti : "Je suis 'crevé', mais heureux comme tout. Il va falloir que je fasse soigner ma jambe."