Résumé Le Provencal du 26 mars 1962 |
L'O.M. (nul à AIX), TOUJOURS DANS LA COURSE ! 10.000 spectateurs enthousiastes ont fait du derby provençal un succès sans précédent... SINGIER répondit à un but de TIVOLI (1 à 1) |
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Il n'était pas 14 heures, et, depuis longtemps, les files de voitures s'allongeaient sur la route d'Aix. Des groupes impatients et compacts de supporters attendaient des autobus qui passaient sans s'arrêter devant eux, rempli à craquer dès le départ. Ceux-là, on allait les voir arriver sur le coup de 15 heures 30. Avant le coup d'envoi, des dizaines de jeunes gens aux casquettes bleu et blanc faisaient quelques tours de piste en brandissant leurs pancartes et banderoles, sous le regard amusé des spectateurs des gradins. Une atmosphère vibrante et sympathique. Disons tout de suite que la rencontre dans son ensemble, le fut aussi, puisque disputée virilement sans brutalité, avec ardeur, mais sans déchaînement de passions... Les Marseillais étaient venus en force mais il n'y eut aucun incident, les supporters des deux camps conservant une attitude digne d'éloges. Il est dommage que, sur cette pelouse à demi-envahie par des centaines de personnes n'ayant pu trouver une place confortable, les deux équipes ne soient pas parvenues à fournir une partie d'une haute tenue technique. À leur décharge, évoquons pour l'O.M. une blessure immédiate de Sansonetti qui boita de plus en plus bas à mesure que s'approcher du terme de la rencontre. Les Aixois, eux, ne crurent pas assez en leurs chances. En seconde mi-temps, vent debout et diminué, l'O.M. était vulnérable. Knayer absent L'O.M. se présentait sans Knayer, souffrant d'une vertèbre est remplacé par Tassone qui allait faire une excellente rentrée. Mais ce n'est pas la défense visiteuse qui donna de la bande, mais bien son attaque qui n'arriva jamais, un peu pour la raison évoquée auparavant, mais aussi parce qu'elle était dans un mauvais jour, à trouver la position de tir. Milazzo et Cornuel En fait, avant le but obtenu par Tivoli à la 42me minute, on avait pu noter que deux actions offensives dignes de ce nom. À la 14me minute, sur un coup franc donné par Tivoli, Milazzo se détendait et reprenait sèchement de la tête. Carnus arrêtait en souplesse cette balle difficile. Les esprits échauffés à la suite de quelques accrochages opposant Sansonetti et Milazzo à Richard et Ungaro. Mais cela ne dégénérerait pas et c'était très bien ainsi. À la 39me minute, Cornuel partait en flèche, à la limite du hors-jeu, décochait un bon tir du gauche de 15 mètres, bien arrêté par Moreira. Corner et but de Tivoli On allait vers la pause, lorsque Tivoli, qui venait de tirer au-dessus de la cage aixoise, se vit accorder un corner, alors qu'il ne semblait pas avoir été contré par per- drossant la balle. Celle-ci décrivait une courbe accentuée, tombait au sol juste dans la cage où elle entrait à la surprise générale. |
Camoin et Carnus semblent bien réciproquement en l'occurrence avoir cru à l'intervention du partenaire... Désolation aixoise et jubilation marseillaise. Envahissement Pendant la pause, survenant peu après, c'était l'envahissement de la pelouse par des milliers de personnes. Il le tirait lui-même, en supporters. L'un d'eux plantait au centre du terrain un fanion aux couleurs de l'O.M. La mi-temps dura 20 minutes, l'arbitre et le délégué essayant vainement de faire évacuer complètement la pelouse. On frémit à la pensée de ce qui aurait pu se passer en cas d'incident grave... mais tout alla le mieux du monde. L'O.M. attaqua cette seconde mi-temps contre le vent, léger une heure avant, mais qui allait se renforçant, tandis que Sansonetti boitait de plus en plus. Aix domine... Les locaux allaient avoir l'avantage du ballon tout au long de cette seconde partie. À la 64e minute, Robert Péri tirait avec une force remarquable un coup franc de 40 mètres qui ricochait sur la transversale. L'O.M. répliquait par une offensive en passes redoublées entre Milazzo et Tellechea, mais ce dernier manquait son tir. A la 76me minute, sur une longue balle de Péri, Moreira était à deux doigts d'être surpris par un rebond imprévu... et une charge fougueuse de Sene. Deux minutes plus tard, il plongeait habilement et parvenait à souffler la balle à Cornuel, parti seul. ... et égalise par Singier C'était à la 81e minute que les Aixois, comme on le pressentait, allaient égaliser. Cornuel échappait à Pérard et effectuait un centre tendu que Singier, surgi de l'aile gauche, catapultait imparablement de la tête dans les filets de Moreira impuissant. Les dernières minutes ne devaient rien apporter de valable et finalement, la majorité des 10.000 spectateurs se retiraient satisfaits, somme toute logique. Louis DUPIC |
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PEU D'AUDACE, TOUJOURS PEU D'AUDACE Un football au compte-gouttes Résultat de tactiques également prudentes |
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Deux équipes également contractées et jouant de la même façon beaucoup de défenseurs, peu d'attaquants, ce derby des Bouches du Rhône de pouvait être celui de l'audace et de l'offensive. Quelques chiffres, mieux qu'un long commentaire, vous diront à quel point les lignes d'avants des deux équipes furent peu entreprenantes. Un bilan de faillite offensive L'O.M. marqua son but sur corner, la balle entrant directement dans la cage. Aix égalisa grâce à un remarquable coup de tête de Singier, sur centre de Cornuel. Nous avons doté ensuite : un seul tir de l'O.M. dans l'encadrement (coup de tête de Milazzo 12me) ; un tir de Cornuel (37me) ; un tir de Péri (65me), le ballon ayant heurté la transversale et une échappée de Cornuel (75me) qui contraignit Moreira a plongé dans les pieds de l'ailier aixois. Ce qui revient à dire que les Aixois - dominés jusqu'à une demi-heure de la fin environ - eurent tout de même les meilleures occasions de marquer. Ce football qui ne nous plaît pas Mais avouons-le franchement ce football au compte goutte, ce football de la peur de perdre, n'est pas celui que nous aimons. Pour nous, Aix a manqué d'audace et l'O.M. de rythmes. C'est peut-être ainsi que l'on gagne un point en déplacement ; ou qu'on n'en concède qu'un à une l'équipe réputée supérieure. Sans doute ! Ce n'en est pas moins extrêmement pauvre comme conception du jeu de la balle ronde et non moins pauvre en tant que spectacle. Ah ! si... Après la rencontre, les supporters de l'équipe d'Aix nous ont dit : "Ah ! Si..." Ce qui sous-entendait : "Ah ! Si notre meilleur demi Robert Péri était passé plus franchement à l'attaque ; et si nos deux inters s'étaient montrés mieux inspirés !" Les supporters olympiens, de leur côté, nous ont déclaré, avec non moins de véhémence : "Ah ! Si..." Entendez par là : "Si notre attaque avait été plus incisive ; et si nos deux inters ne s'étaient pas effondrés en fin de rencontre !" Avec des "si", vous vous en doutez déjà, on peut faire dire à une rencontre tout ce que l'on veut. La simple vérité est que l'O.M. et Aix ont également déçu leurs plus ou moins farouches supporters. Mettant cette carence sur le compte du vent, de l'énervement de la présence des spectateurs sur les touches... et n'en parlons plus. Une attaque sans accélérateur Dans l'équipe marseillaise, la plus grande déception vint de l'attaque. |
Son seul élément véritablement dynamisme, Sansonetti, ayant été touché au genou dès le début de la rencontre, elle joua de façon parfois élégante mais au pas. S'il suffisait de se passer et de se repasser le ballon, à une cadence sénatoriale, pour mettre dans le vent une défense fortement groupée, le football serait un jeu trop facile. Nous l'avons écrit, nous le répétons, alors qu'il n'est pas trop tard le moment est venu de faire entrer du sang jeune et vif dans cette attaque. Gagner des matches, ou obtenir un match nul, au demeurant très utile, en si peu de tirs et miraculeux. L'extrême prudence des demi-ailes Cette attaque peut, tout de même, arguer, pour sa défense de l'extrême prudence de sa ligne de demis. Que l'un des deux demi-ailes s'intègre au bloc défensif nous l'admettons volontiers. Mais que les deux, à la fois, se contentent d'attendre l'adversaire aux environs de leur ligne des dix-huit mètres est excessif. Raphaël Tellechea monta franchement en attaque, au milieu de la deuxième mi-temps... et ce fut une occasion de but. Cette retenue des demi-ailes a pour conséquence, de donner aux inters, une tache accablante. Rien d'étonnant, par suite, à ce que Tivoli et Aygoui aient terminé la rencontre au tout petit trot. Bonne rentrée de Tassone Une satisfaction cependant pour les olympiens, la confirmation des talents défensifs de l'amateur Tassone. Que voilà un garçon ayant d'évidente disposition athlétique pour le poste d'arrière. Moulon ayant également confirmé sa valeur nous finirons par croire que cette équipe d'amateurs de l'O.M. et une véritable mine d'or. Le fameux coup de tête de Singier A Aix, Carnus eut vraiment peu à faire, le joueur nous ayant produit la meilleure impression fut Robert Péri. Ne manquant pas d'abattage et suffisamment adroit ce jeune homme est un réel espoir du football provençal. Son compère et ami le blond Richard, est lui aussi pétri de qualités. En attaque, ou Sene eut le mérite de ne jamais se décourager, Cornuel fut l'attaquant de pointe le plus incisif. Mais le coup de tête de Singier l'indomptable vétéran aura été la meilleure chose de la rencontre. Un coup de tête que n'eut point désavoué son coéquipier de jadis Désiré Koranyl. Maurice FABREGUETTES |
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Germain REYNIER : "Ce match nul ne désavantage personne !" Dans les vestiaires aixois nous avons trouvé un Germain, Reynier passablement complexe. "Oui, ce match nul ne désavantage personne ! Dans le fond, ça m'aurait fait de la peine de battre l'O.M., alors que ses chances de "monter" reste grandes. Mais enfin, le sport est le sport, et il me semble que nous avons eu autant de chances de l'emporter que notre adversaire. Si je suis satisfait de la recette ? Bien sûr, à vrai dire je n'en espérais pas autant ! " Bela Herzeg : "Il n'y avait pas corner" Le calme Bela Herzeg, comme tous ses joueurs, nous a affirmé que le corner ayant permis à Tivoli de marquer le but de l'O.M. n'y était pas. À notre question : "Mais que s'est-il passé ?" Il répondit : "Camoin qui faisait le coin a cru que Carnus pourrait prendre la balle. Mais cette dernière, entrant dans la lucarne, était hors de portée de notre gardien. Un incident malheureux, en somme, dû en grande partie au vent qui rabattit le ballon. M.F. |