Résumé Le Provencal du 23 avril 1962 |
Succès in extremis, mais légitime de l'O.M. sur Limoges (1 à 0) (Les Marseillais ratent un penalty à la 2e minute, mais en réussissent un autres peu avant la fin... |
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Ce match O.M.-Limoges nous offrit deux aspects presque diamétralement opposés. Autant la première mi-temps fut limpide, rapide, agréable à suivre, autant la seconde fut heurtée. Pourtant l'O.M. aurait eu une raison évidente de prendre un mauvais départ, en raison d'un de ces événements qui "coupent les jambes" aux formations les plus décidées. Penalty raté Dès la 2me minute, en effet, Tivoli se trouvait bien lancé dans la surface de réparation, et Duc n'avait d'autre ressource, pour l'arrêter, que de le jeter au sol. C'était un penalty indiscutable, et qui ne fut d'ailleurs pas discuté. Mais Lefevre, chargé de la "réparation" prit son élan d'une façon curieuse, ce qui eut pour effet de placer la balle à côté... il venait de manquer une belle occasion de cueillir à froid les visiteurs, dont on s'aperçut très vite qu'ils possédaient une des meilleures équipes vues à Marseille cette saison. Bien organisés, ils firent jeu égal avec l'O.M. jusqu'à l'approche de la pause ou, coup sur coup, le bondissant Péaud stoppait un tir de près de Lefevre (35me minute) puis une volée de Sansonetti (37me minute). On atteignait donc la mi-temps sur un score vierge. Milazzo et la transversale La seconde mi-temps débuta, elle aussi, sur un but raté de justesse. Sansonetti décrochait un tir dévié par Péaud. Dogliani récupérait la balle et réussissait un centre parfait que Milazzo catapultait de la tête sur la transversale (47me minute). |
Le temps de déplorer cet échec et Lefevre, bien placé, tirait nettement à côté (48me). Il faudra attendre les 65me et 72me minutes pour voir Milazzo tirait deux fois puissamment et de peu, en dehors du cadre. Maurelet sauve A la 75me minute, sur un corner donné par Lefevre, Knayer reprenait de la tête, et Péaud était battu. Mais son arrière Maurelet réussit à dévier, toujours de la tête, la balle en corner. Le temps passé et pour tout le monde, on s'acheminait vers le plus classique des matches nuls, quand survint l'événement inattendu qui allait décider du sort de la partei. Milazzo venait d'éviter un adversaire et d'entrer dans la surface de réparation, lorsque Ahmed dernier défenseur, involontairement ou non, abattit Milazzo en lui appuyant le pied sur l'abdomen. C'était un nouveau penalty indiscutable, qui causa des palabres spectaculaires tandis que les Marseillais, se rappelant de l'échec de Lefevre s'interrogeait pour savoir qui allait tirer le penalty. C'était Sansonetti qui était désigné et qui prenait Péaud à contre-pied... Explosion de joie sur la pelouse et dans les tribunes. Il restait 7 minutes à jouer. Elles ne furent qu'une succession d'accrochages, les visiteurs devant être plusieurs fois rappelés à l'ordre. Louis DUPIC |
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"SUSPENSE" PASCAL BOULEVARD MICHELET Le Stade resta soudain suspendu Au pied de SANSONETTI |
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Le stade resta suspendu au pied droit de Sansonetti. Un maître du film policier n'eut pas imaginé meilleur scénario. Nous étions à sept minutes de la fin ; le tableau d'affichage porté zéro à zéro ; nul n'ignorait, grâce à la chaîne des transistors que Besançon venait de battre Valenciennes (1 à 0). Donc, Milazzo ayant lourdement chuté dans la surface de réparation, sous l'effet d'une charge d'Ahmed, l'arbitre avait accordé un penalty à l'O.M. Le deuxième de la partie pour les Marseillais. Le premier, obtenu à deux minutes du coup d'envoi, pour croche-pied de Duc à Tivoli, avait été nettement raté par Lefevre. M. Zaraya sur le terrain Connaissant les données du problème, vous imaginez sans peine l'état d'âme des acteurs et des spectateurs de la rencontre, en ce moment crucial. La décision de M. Herbert n'était pas allait sans quelques-unes de ces scènes devenues habituelles. Pendant que Milazzo se laissait soigner derrière la cage de Péaud les Limougeauds, fort mécontents, avaient fait le siège de l'arbitre... et l'on avait vu M. Zaraya entrer sur le terrain. Qu'allait-il faire le président olympien ? Exiger que le penalty fut tiré par Dogliani ou Sansonetti, nous a-t-il dit lui-même. Le calme du bouillant "Sanso" Une fois calmées, les vagues soulevées par cet incident ; et quand tout se résuma au duel Sansonetti - Péaud, avec le ballon pour arbitre, le doute s'empara soudain de l'assistance. "Sanso", le bouillant "Sanso" réputé imprécis, était-il l'homme qui s'imposait, en cette circonstance. M. Zaraya debout à côté du petit banc, jouait à la perfection le rôle du condamné à mort voulant voir partir les balles du peloton d'exécution ; Otto Gloria, lui, n'avait pas bougé d'un centimètre, tout se passait sous son chapeau marron ; Alauzun, qu'on ne savait pas aussi superstitieux, s'était retourné vers Moreira, pour ne pas assister à ça... dans les tribunes, en prêtant un peu l'oreille, on eut entendu battre un coeur olympien. Sansonetti fit quelques pas ; et, de l'intérieur du pied, trompa très simplement son adversaire. Je vous laisse le soin, si vous n'étiez pas au stade vélodrome, d'imaginez le joyeux vacarme qui s'en suivit. Limoges a agréablement surpris Une fois de plus l'O.M. venait, sur son terrain, d'arracher miraculeusement deux points extrêmement précieux. Mais, en ce dimanche de Pâques ensoleillé, partout en France sauf à Marseille, il faut dire, très objectivement, que l'équipe de Limoges n'est pas étrangère à la peine rencontrée par l'O.M. pour vaincre. Car, nous avons assisté, surtout en première mi-temps, à une très bonne et très vivante rencontre de 2me division. |
La meilleure vue cette saison au Stade Vélodrome, après l'O.M. - Valenciennes. Limoges a démontré qu'il était possible, tout en jouant le jeu, de pousser dans ses derniers retranchements une des équipes vedettes de division II, même sur son terrain. On a été agréablement surpris, de bout en bout, par l'excellent comportement de cette équipe limougeaude, que l'on disait sans morale. Un supplément de "punch" Sauf dans le domaine du tir, leur évidente faiblesse, les visiteurs ne furent en rien inférieur à leurs adversaires. Il est certain que des joueurs comme Ahmed (le n1 de son équipe), Duc, Maurelet, Delcampe, Moknachi (également très remarqué, Ossey, Ebozo et bien sûr le gardien Peaud, n'ont pas grand-chose à envier aux olympiens. Un supplément de "punch" et le Limoges F.C. retrouvera sa place en première division, la saison prochaine. La victoire méritée d'une équipe Devant une équipe de cette valeur, l'O.M. éprouve beaucoup de mal à imposer sa méthode. Cependant, encore qu'acquise sur le coup douteux - un penalty est toujours douteux pour celui qui le subit - la victoire marseillaise et méritée. Elle est celle de l'équipe ayant su se créer les plus nombreuses et les meilleures occasions de tirs. Certains mouvements de l'attaque marseillaise eussent mérité un meilleur sort que d'échouer sur la transversale, à quelques centimètres des buts de Limoges, ou sur l'excellent Peaud Une fois encore, L'O.M. a peiné et triomphé en équipe. Une équipe imparfaite sans doute, mais dans l'esprit de corps et hautement louable. Un arbitre autoritaire A l'ordre de ce dimanche pascal citons Moulon, Bordere dont la tâche fut accablante, Sansonetti et Dogliani, la vedette de demain. Tivoli, excellent en première mi-temps, peut-être voulut-il trop en faire, fut moins bon en seconde. L'arbitre, M. Herbert nous a révélé de remarquables qualités de catcheur. On le vit, d'une seule bourrade renvoyée le puissant Tholon à ses études. Un arbitre sachant se faire respecter, chose assez rare pour mériter d'être signalé. Maurice FABREGUETTES |
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SANSONETTI : "Mes jambes tremblaient" La rencontre difficile avait marqué durement les joueurs, sur la table de massage, Sansonetti parler de son penalty réussi : "Il y a une chose certaine, c'est, que mes jambes tremblaient." Lefevre parlait du sien raté : "Si j'avais réussi, le match aurait été pour nous plus facile". Quant au jeune Royer, auteur de deux buts en lever de rideau nous disait : "Lorsque Étienne a pris son élan, j'avais le coeur qui ''sautait'' tellement que j'en avais la veste soulevée." Contenu de l'image voilà ce qui s'appelle être olympien de coeur... |
FLAMION : " La montée de l'O.M. est sympathique mais... Avant d'entrer dans le vestiaire du Limoges F.C., nous savions à quelques mots près, ce que nous allions entendre. On n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. Bien sûr, les visiteurs n'étaient pas du tout persuadés que la légitimité du penalty ayant entraîné leur défaite. "Qu'on ne me raconte pas d'histoire", nous a dit Flamion, l'ex-oemiste, "nous avons fait tout le jeu, grâce surtout à nous, la partie a été bonne, et nous n'en sommes pas récompensés. L'arbitre, non content de nous infliger un penalty imaginaire en début de match, a cru bon de récidiver en fin de match. Quant aux arbitres de touche, ils avaient leurs drapeaux levés à chacune de nos montées. Certes, la montée de l'O.M. et sympathique. Une ville comme Marseille à sa place en Première Division, mais nous ne méritions pas de perdre". Quant à Ahmed, assez amer, il devait nous confier : "Milazzo est un vieux renard. Nous avons levé la jambe en même temps ; et ensuite, il a fait du cinéma ! C'est trop injuste !" Et voilà vous en savez autant que nous. M.F. |