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Résumé Le Provencal

du 19 février 1962

 

Malgré le handicap d'un but marqué par Moulon à Moreira

L'O.M. brille de mille feux

Devant GRENOBLE, nettement dépassé

Un but de SANSONETTI, un d'AYGOUI - Victoire : 2-1

(De notre envoyé spécial : André HATCHONDO)

NICE - À Nice, à l'heure où la fièvre carnaval s'empare déjà de la ville, l'O.M. a jeté son masque. Entendez par-là qu'il a montré le visage traditionnel que nous n'avions plus revu depuis belle lurette, au point que nous avions oublié totalement ses traits.

Et bien, croyez-nous que ce cela fait bougrement plaisir de commenter un match où les Olympiens, poussés dans leurs derniers retranchements pendant 20 minutes, voire malmenés, surent trouver des ressources qu'on ne leur connaissait pas pour redresser une situation qui paraissait pourtant définitivement compromise.

L'O.M. s'affole

Oui, nous ne donnions pas cher de la peau de nos pauvres Marseillais au début de cette rencontre, fertile en émotion.

Les vagues grenobloises déferlèrent avec une violence inouïe dès que M. Carite eut sifflé le coup d'envoi. La digue olympienne, chargée de supporter le poids de ses assauts bien conduits par Van Rhyjn et Levandowicz, ne semblait pas conçue de matériaux solides.

La défense de l'O.M. perdit ainsi son sang-froid à plusieurs reprises et ce fut un miracle que la ligne d'attaque grenobloise d'obligeât le préposé au tableau de marque à intervenir dès les premières minutes.

La mésentente était particulièrement flagrante entre Knayer porteur du maillot No 3, bien qu'il opéra au poste de demi-aile, et Moulon. Était-ce la position "en pointe" de Levandowicz et Juliani qui les gêna à ce point ? Toujours est-il que le chevronné Knayer, malgré des hésitations, garda la tête froide, et Moulon, quant à lui, s'affola.

Tandis que les Grenoblois menacés Moreira, le demi-centre eut le mauvais réflexe de lober son propre goal au moment précis où il s'était avancé, après avoir anticipé comme il se doit.

L'O.M. survolté

Il fut un temps, pas très éloigné, pour ce genre de coup dur paralysait la formation marseillaise.

Comme nous n'avions que le seul souvenir de l'O.M. se laissant facilement abattre par l'adversité, nous étions à cent lieues de penser qu'il eut assez de force pour surmonter un tel handicap.

Il avait, en effet, de quoi couper les jambes d'une formation de Première Division, nantie de toutes les qualités, tant morales que physiques.

En fait, celui qui fut visiblement accablé pendant quelques instants - il accumula d'ailleurs les erreurs - ce fut le malheureux Moulon, pâle comme un mort, donnant l'impression qu'il se serait marqué par sa faute jusqu'au terme du match.

Dès, nous l'avons dit, c'était le grand O.M. de la belle époque qui officiait hier, un O.M. avec un talent n'ayant égal que la foi et le courage.

Le festival grenoblois dura, en tout et pour tout, 20 minutes. Celui de l'O.M. eut lieu pendant 70 minutes. C'est là aussi que réside la performance. Il n'y eut aucun temps mort pendant lequel les Olympiens auraient pu s'accorder quelque répit. Bruneton était partout, Tellecha se repliait, interceptait - il fut le roi de l'interception - et approvisionner ses avants largement. Sansonetti actionnait ses longues jambes. Milazzo empoisonnait Kowalski, qui n'est pas du genre demi-centre "tendre". Aygoui et Lefevre remplissaient leur rôle à merveille.

La panique change de camp

Ah ! Qu'il était séduisant c'est O.M. disputant toutes les balles, s'accrochant aux basques de son adversaire - attention, il s'agit-là d'une image n'ayant aucun rapport avec le comportement que le règlement réprouve - se vengeant, balle au pied, de l'humiliation que lui a fait subir le "grand" de la Deuxième Division pendant la moitié du premier acte.

La panique changea de camp. Il est vrai que Sansonetti, de magistrale façon (30me minute) et Aygoui en profitant d'une grossière erreur d'Abad, au demeurant excellent (34me minute), sapèrent le moral de leurs rivaux.

On assista alors à une chose ahurissante, Donnard, le capitaine du "onze" grenoblois, habituellement lucide, calme et intelligent, donna le ton des arrêts... avec les mains, tel un arrière de rugby. Il commit plusieurs fois ce crime de lèse-majesté, imité en cela par ses coéquipiers de la défense, en particulier par Desgranges.

Les Marseillais ne pouvaient plus perdre. En seconde mi-temps, ils furent maîtres du terrain. Leurs actions étaient marquées du sceau de la classe. L'équipe était bien soudée. M. Van Rhyjn, que Leonetti suivi comme son ombre, ne pouvait s'exprimer pleinement. Comme ses camarades il fut mis au rang du petit garçon par les contacts des Marseillais, véritables fauves lâchés dans l'arène.

Ah ! que n'ont-ils montré avant leur véritable nature, ces Olympiens ! Ils nous auraient épargné souvent de fastidieuses besognes.

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SANSONETTI, BRUNETON, TELLECHEA

meilleurs acteurs du match

Quand une formation remporte un succès aussi éclatant, on doit associer tous les joueurs dans les mêmes éloges.

Ainsi, une fois n'est pas coutume, pas un olympien n'a failli à sa tâche.

MOREIRA : Sûr, de beaux arrêts. On ne peut lui reprocher sa sortie qui ouvrit la cage au shoot de... Moulon.

LEONETTI : Accomplit son travail avec le sérieux habituel. Qu'il ait maîtrisé Van Rhyn prouve la qualité de la tâche qu'il assuma.

ALAUZUN : Mit Boule... "en veilleuse".

KNAYER : Après quelques hésitations, pris la mesure de Levandowicz et le malmena. Comme l'inter fut un poison pour la défense olympienne pendant le premier quart d'heure...

MOULON : "Flotta" sérieusement pendant 20 minutes. Puis se repris. Il "déblaya" le terrain en dégageant dans son style personnel... à la barbe et au nez de Juliani.

BRUNETON : L'un des meilleurs acteurs. Couvrit un terrain énorme. Adressa des passes précises. Tenta même sa chance à une ou deux reprises.

SANSONETTI : La vedette de ce match. Bien inspiré, il dribbla à bon escient, alerta ses coéquipiers au moment opportun, marqua un but de puissance et de précision... à la Aznar.

TELLECHEA : L'un des meilleurs acteurs. A soutenu la défense et l'attaque au point d'être une espèce de centre de gravité de l'équipe. Du travail sobre et cousu main.

MILAZZO : Excellent de bout en bout. De la technique solide avec des amortis de classe et de remarquables têtes. Prit le meilleur sur l'intraitable policeman Kowalski.

AYGOUI: Un début timide, puis s'enhardit. Il attendait l'occasion de placer son fameux tir du gauche, mais une entorse acromio-claviculaire l'a terriblement gênée.

LEFEVRE : C'est dépensé sans compter. Son expérience fut précieuse. Il joua au chat et à la souris avec Fossoud. Ce duel se termina à son net avantage.

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LES MINUTES QUI COMPTENT

6me minute : Moulon lobe Moreira, alors qu'il aurait pu dégager. Grenoble, 1 ; Marseille, 0.

10me minute : Moulon expédie la balle en corner. Il a visiblement eu peur de faire des bêtises.

14me minute : Lefevre lance bien dans le trou Milazzo. Kowalski l'arrête tant bien que mal mais M. Carité ne dit rien.

17me minute : Moulon arrête la balle avec ses mains.

20me minute : Moulon sert sur un plateau... Levandowicz.

23me minute : Sansonetti dévale à toutes jambes, lancé par Tellechea. Il prend tout le monde de vitesse. Abad stoppe péniblement cette action.

30me minute : La défense grenobloise hésite, Milazzo et Aygoui se sont avancée vers Abad. La balle, mal dégagée par Cappon roule. Sansonetti surgit, s'en empare, et d'un tir imparable marque le but égalisateur : 1 à 1.

32me minute : Bagarre entre Sansonetti et Desgranges.

34me minute : Milazzo tire. Abad lâche la balle. Aygoui opportuniste loge la balle dans les buts vides. O.M. 2 ; Grenoble, 1.

51me minute : Aygoui est seul devant Abad. Kowalski se replie et l'agresse.

54me minute : balle de Kowalski dans la surface de réparation. L'arbitre n'a rien vu.

56me minute : Donnard arrête la balle avec les mains alors qu'Aygoui s'était bien démarqué.

70me minute : Milazzo fonce vers Abad. Celui-ci dégage un coup de pied sans réceptionner la balle.

75me minute : Centre de Lefevre. La balle ricoche sur la tête de Sansonetti et échoue sur la tête de Milazzo.

79me minute : Sansonetti échappe à trois adversaires. Abad sauves péniblement.

86me minute : Leonetti délaisse sa place d'arrière et monte vers le camp grenoblois. Sansonetti s'approche des buts, balle au pied. Finalement la balle échoit à Aygoui. Le montant vertical renvoie la balle vers l'intérieur.

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 Otto GLORIA

le football est un jeu simple

Évidemment, le conteste habituelle entre vestiaires du vaincu et vestiaire du vainqueur était, hier encore plus éclatant que jamais.

Fornetti, l'entraîneur de Grenoble, la tête basse, regrettée : "Dès que ça chatouille un peu, il n'y a plus d'équipe grenobloise sur le terrain. Mes hommes ont fait illusion pendant 20 minutes. Mais ce fut un feu de paille. La victoire des marseillais et indiscutable et amplement méritée".

Abad ne s'expliquait par sa maladresse : "J'étais gêné, il est vrai par de nombreux coéquipiers massés devant les buts".

Le capitaine Donnard reconnaissait : "Nous n'avons aucune excuse. Nous avons joué comme des pieds. Nous n'avons qu'à nous en prendre à nous-mêmes. Le soleil nous a gêné en deuxième mi-temps, mais, je le répète, il ne s'agit pas là d'une circonstance atténuante...".

Aux vestiaires marseillais, M. Zaraya congratulait son entraîneur et ses joueurs. Otto Gloria est-il vraiment un sorcier ? Il s'en défend : "Le football nous a-t-il dit en espagnol et un jeu simple. Que chaque Marseillais fasse son travail et nous ne nous arrêterons pas en chemin".

Moulon était moins pâle que sur le terrain : "Je me suis affolé. Heureusement, l'amitié de mes camarades m'a permis de combattre le découragement qui s'est emparé de moi après ce but malheureux".

Les supporters de l'O.M. attendaient les joueurs à la sortie du stade du Ray, qui n'est l'O.M. Ils brandissaient des banderoles au-dessus de leurs têtes. L'une d'entre elles était déjà un défi aux prochains adversaires : "O.M. à toi la coupe."

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