Résumé Le Provencal du 15 octobre 1962 |
Catastrophe ! Le destin frappe trois fois l'O.M. qui subit une défaite imméritée (3-0) |
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ANGERS - À la 70e minute, les joueurs angevins se précipitèrent vers leurs camarades Parchard et le congratulèrent, l'embrassèrent comme s'il venait de leur apporter un succès en finale de Coupe ! Parchard, bien sûr, vous l'avez compris, venait d'obtenir un but, second but angevin, qui, bien que marqué contre le cours du jeu, selon une expression consacrée par l'usage, leur donnait la victoire, la deuxième de la saison. Événement banal, courant ? Mais non ! L'Olympique de Marseille jouait à dix depuis la 16e minute et à neuf depuis la 44e minute. Les Angevins n'avaient donc pas à considérer comme un exploit la réussite de leur ailier droit, alors que leurs adversaires malheureux opéraient dans des conditions les plus difficiles, les plus ingrates. S'ils illuminaient, c'était bien parce que ce but victorieux arrivait dans le contexte de la partie comme un billet de loterie gagnant du gros lot au foyer d'un économiquement faible. L'O.M., depuis presque une heure, faisait face de façon extrêmement méritoire à ses trois avants "survivants", Roy, Dogliani et Rial faisaient souvent frémir l'échine des supporters locaux. Mieux les actions les plus précises, les mieux construites étaient à mettre à l'actif de l'équipe diminuée. Comment les choses s'étaient-ils passées ? Alauzun hors de combat A la 16me minute, en disputant la balle à son adversaire direct, Alauzun effectuait un changement de direction trop brusque et se donnait une entorse du genou. C'était le second coup frappé par destin. La première fois, au cours des premières minutes de jeu, Dogliani suivant une longue et précise ouverture de Rial, avait trompé toute la défense locale, sauf le Garden Davis qui était sauvé... par son tibia ! Une minute après la blessure d'Alauzun, qui allait prendre place symboliquement à l'aile gauche, une double erreur d'arbitrage offrait à Angers son premier but. Expliquons-nous : Angers obtenait un corner, bien que deux de ses avants, Thomas et Stievenard, aient été en nette position de hors-jeu. Sur ce corner Erhardt poussait Moreira dans le dos alors que ce dernier tentait de saisir la balle et Milazzo pour éviter le pire n'avait que la ressource de la détourner de la main. Penalty indiscutable, certes, mais précédé de deux fautes pour le moins aussi nettes. Entre la 16me et la 17me minute, l'O.M. venait de perdre le match, mais il n'en avait pas pour autant fini avec la malchance. |
Au tour de Bruneton Un peu avant la mi-temps, Régis Bruneton mettait le pied dans un des nombreux trous du terrain bosselé à souhait et se tordait proprement la cheville. L'O.M. revint donc sur le terrain avec deux ailiers de fortune ou plutôt d'infortune, pour malgré cela, se comporter avec extrêmement de volonté et d'habileté. Personne n'aurait crié au scandale si les Marseillais avaient égalisé au cours des 25 premières minutes de la seconde mi-temps. Au lieu de cela, les Angevins obtenaient le second but qui mettait fin au débat, et même un troisième, à la 91me minute ou 92me minute, alors qu'on jouait les arrêts de jeu et que cela ne pouvait plus rien changer à la faire. Signalons également qu'Étienne Sansonetti devenu arrière gauche en seconde mi-temps, fut victime, lui aussi, d'une entorse légère de la cheville. Hélas ! En pareille occasion, il est bien difficile de parler du jeu des joueurs. L'O.M. fit le maximum et subit une défaite parfaitement imméritée. Aucun de ses joueurs n'a rien à se reprocher. On ne pourrait en dire autant des Angevins qui furent aussi outrancièrement servis par la chance que leurs adversaires étaient défavorisés. Ils forment bien l'ensemble le plus faible que nous ayons vu cette saison et les deux seuls joueurs ayant évolué avec aisance furent les deux arrières Defnoun et Le Gall... qui n'avaient à surveiller que les invalides Alauzun et Bruneton. Il est certain que l'O.M. au complet possédait une chance de vaincre de premier ordre, et c'est bien cela qui désolait le plus l'entraîneur et les joueurs. Ils avaient le sentiment très net qu'accablés par la malchance, ils venaient de rater une occasion unique de prendre deux points supplémentaires. |
A ANGERS, l'O.M. ressemblait à une véritable cour des miracles ! (D'un de nos envoyés spéciaux : Marcel SERRE-SUBE) |
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La "douceur angevine" nous a délégué en ce dimanche d'automne un temps idéal pour la pratique du football : frais et ensoleillé. Une légère brise traverse le terrain dans le sens de la largeur. Le mauvais classement actuel d'Angers fait que l'on ne se bouscule pas sur les gradins du Stade Bessonneau (3.829 spectateurs pour 14.143 N.F. de recette). L'équipe locale à deux rentrants : Bourrigault et Parchard. L'ancien joueur de l'O.M., Le Gall joue non plus comme ailler, comme en les temps marseillais, mais arrière gauche. À l'O.M. un changement quant à la formation annoncée : Stopyra rentrant comme ailier gauche alors que Dogliani et inter droit. Trois faits essentiels et qui détermineront l'issue de la partie, se passaient au cours de la première mi-temps. À la 16e minute, Alauzun reste étendu sur le terrain, victime d'une entorse au genou. À la 31e minute, un corner est sifflé contre l'O.M. ; sur ce corner, Moreira est gêné par Erhardt le ballon allait rentrer dans les buts ; Milazzo pendant que l'arbitre va siffler la faute précédente, repousse la balle de la main droite. Penalty. Enfin, juste avance que ne soit sifflée la mi-temps Bruneton tombe et se relève avec une entorse de la cheville. Un bon début Beaucoup d'éléments malheureux pour un seul match. Pourtant les choses n'avaient pas tellement mal commencé pour les Marseillais qui faillirent ouvrir le score dès la 2e minute. Voici dans quelles circonstances : Rial, qui reçoit la balle à environ 40 mètres des buts adverses, fait une belle passe à Dogliani. Celui-ci dribble le demi centre Chlosta et avance. Le goal angevin sort de ses buts et dévie du tibia le ballon qui semblait vouloir faire mouche. Partie remise, pensons-nous, car immédiatement après, nous notions un tir de Sansonetti et un corner contre Angers. Événement contrebalancé seulement par un loupé de Knayer, bien rattrapé par Alauzun. Il nous faut attendre la 8e minute pour voir Moreira intervenir de manière efficace sur un coup franc indirect. Puis, navré de voir la maladresse de ses avants, le demi centre angevin, Chlosta vient tirer au but. C'est aussi un corner repoussé sans trop de difficulté par la défense provençale. Roy manque La riposter immédiate, grâce à une attaque triangulaire de Stopyra, Dogliani et Sansonetti. Se situe alors la blessure d'Alauzun qui sort du terrain. Les Angevins insistent et Moreira doit arrêter un tir très dur de l'ailier Parchard, auquel réplique un shoot lointain de Dogliani. À la 21e minute, Alauzun rentre, mais il boîte bas et va jouer les invalides, à l'aile gauche. Quatre minutes plus tard, Alauzun va d'ailleurs sortir à nouveau du terrain. Milazzo le remplace au poste d'arrière. À la 26e minute, Sansonetti tire sec et obtient corner. Cinq minutes plus tard c'est l'histoire du penalty évoqué par ailleurs. Penalty réussi par Hnatow. |
À la 35e minute, Alauzun revient une deuxième fois sur le terrain. L'O.M. bien que jouant à dix équipiers valides, obtient encore un corner. Puis c'est une mêlée confuse dangereuse devant les buts de l'O.M. : Moreira met heureusement fin à cet imbroglio comme il arrêtera plus tard une tête de Bruyer. Puis c'est la mi-temps, après que Bruneton se soit blessé en tombant. La deuxième mi-temps A la reprise du match, Alauzun est ailier gauche et Bruneton (également invalidité) est ailier droit. Sansonetti et Milazzo jouent arrières et Rial demi. Comme si tous ces malheurs ne suffisaient pas, Milazzo touché à la cheville, se met à boitiller. L'O.M. ressemble à une véritable Cour des Miracles ! Angers ne profite d'ailleurs pas de cette supériorité numérique. À la 52e minute, c'est au tour de Sansonetti à être victime d'une blessure au pied droit. Cette succession de malheur et incroyable ! Pourtant l'O.M. essaie de remonter la pente. À la 56e minute, nous notons un tir trop aérien de Roy. Puis, deux minutes plus tard une combinaison Stopyra - Roy qui met en danger le goal Devis. Après avoir concédé un corner, les Provençaux repartent. Tir de Milazzo à la 61e minute, puis tir de Roy de peu à côté. Trois minutes après, Erhardt seul devant Moreira, manque l'encadrement des filets. À la 75e minute, Erhardt est touché à la jambe. L'O.M. malgré sa malchance noire attaque toujours et encore. Notons ensuite un tir de Stopyra, arrêté par Devis (67e minute). Nouvelle mêlée devant les buts d'Angers, incapable de réagir malgré des adversaires qui jouent par la force des choses, avec deux ou trois avants. Deuxième but pour Angers Pourtant, contre le cours du jeu, et à la 70e minute, Fruchard, après un relais avec Erhardt, marque un second but. Le ballon ricochant sur le poteau droit des buts de Moreira. Après ce but surprise, nous retombons dans la médiocrité. 73e minute : corner contre l'O.M. ; 81e minute : un tir approximatif de Roy. À l'ultime minute, en l'occurrence, à la 90e (1) Erhardt ajoute un 3e but qui va rendre trop lourde une défaite rendue inévitable et peu probante pour l'avenir d'Angers. |
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PENVERNE : "la poisse ne durera pas toujours" Atmosphère "catastrophée" dans les vestiaires de l'O.M., où l'entraîneur Armand Penverne essayait de remonter le moral de ses troupes. "Vous n'aurez pas toujours cette poisse incroyable. Ne vous découragez pas. Je suis sûr que dans cette série de catastrophes, nous n'aurions pas été battus aujourd'hui. Étienne Sansonetti hoche la tête tristement. Le lieu ressemblait plutôt à une salle d'hôpital qu'à un vestiaire de championnat ! ----------- Antoine PASQUINI : "Nous sommes heureux et navrés !" Les Angevins, aux vestiaires, étaient bien entendu heureux d'avoir récolté deux points, mais navrés que plusieurs joueurs marseillais aient été blessé assez gravement. Nous avons mal joué, en portant la balle sans inspiration, en ne profitant pas de notre supériorité numérique, mais je déplore que trois joueurs marseillais aient été victimes d'entorse. Mais nos hommes n'y sont pour rien, c'est la pelouse qui est extrêmement mauvaise et pleine de trous." |