Résumé Le Provencal du 22 octobre 1962 |
Il manquait à l'O.M. la tête et les jambes pour battre ROUEN, vainqueur 1-0) |
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L'O.M. a atteint, hier après-midi, sinon le fond de l'abîme, du moins celui de l'inefficacité. Pour gagner une rencontre il faut marquer au moins un but, c'est l'évidence même. Or l'attaque marseillaise a non seulement raté les rares occasions de but qu'elle put se créer, mais encore celles données par l'arrière défense du F.C. de Rouen. Nous restons, en définitive, sur la fameuse fâcheuse impression d'une ligne d'avants clouée au sol, d'une désespérante lenteur et maladroite par-dessus le marché. Debout les morts ! Il ne suffit pas, pour communiquer à une équipe cet irrésistible mouvement qui entraîne la défaite de l'adversaire, de quelques bonnes petites choses faites épisodiquement. De ces bonnes petites choses dont Stopyra, Rial, et Dogliani, hier, ont émaillé leur jeu. Une partie se joue pendant 90 minutes sur un rythme soutenu ; et l'on ne peut espérer rien de bon et surtout de durable de joueurs que l'on voit les mains sur les hanches ou tomber à la moindre pichenette de l'adversaire, comme si le poids de leur corps était trop lourd à leurs jambes. Roy, sur lequel on comptait pour animer cette attaque, ayant joué de façon exécrable, nous comprenons assez bien ce supporter qui cria à la fin de la seconde mi-temps à l'adresse de ses favoris : "Debout les morts !" Le FC Rouen n'est pas invincible L'O.M., vient donc de perdre 7 points sur son terrain, en 4 rencontres consécutives. Contre V.A. - premier épisode de cette série noire - il y avait l'excuse de la bonne partie de l'adversaire. Il est certain que Valenciennes qui n'a plus gagné un seul match depuis entre parenthèse s'était surpassé sur la pelouse du stade vélodrome. Du F.C. de Rouen, par contre, on peut dire qu'il a joué gentiment avec une habilité certaine au centre du terrain, mais sans pour autant, se montrait irrésistible. Certes Frivaldi, ce jeune hongrois dont la classe sauta aux yeux, l'infatigable Tournier, Legrand et Druda formèrent-ils, suivant la formule ancienne, un "carré magique" de qualité. Mais conduire le jeu au milieu du terrain n'est pas gagné, surtout quand on n'a qu'une défense raide et lourde, un gardien sortant à contretemps et un seul attaquant de pointe dotée d'un certain punch : "Lachot". |
Pour tout dire, F.C. de Rouen dont les joueurs ne méritèrent jamais d'être qualifié de "diables rouges" eut été un adversaire assez facile à battre pour un O.M. un tout petit peu plus mordant. Une équipe qui se cherche encore Sur une partie aussi visiblement ratée, il est très malaisé de juger l'équipe marseillaise dans son ensemble. Privé de quelques-uns de ses meilleurs joueurs, pour cette raison trop profondément modifié, l'O.M. n'a pas encore trouvé sa stabilité. De jeu collective, de combinaison nées de la routine, de l'habitude de jouer ensemble, peu ou pas. Entre la défense et l'attaque, aucune harmonie. Les défenseurs se contentèrent de parer au plus pressé, sans pouvoir participer à la construction du jeu. Au centre du terrain, Milazzo se battit et se débattit, pour essayer d'assurer une problématique liaison. Rial fit de méritoires efforts et quelques passes utiles pour tenter de sauver la face : le poste d'inter est encore trop lourd pour ses épaules. Qu'avait donc Serge Roy ? Stopyra voulut-il se faire oublier, à l'aile droite ? On pourrait le croire. Pour un joueur de sa classe, ce qu'il fit est un minimum. Dogliani fut méconnaissable. Aygoui donna à Roy une balle de but et contribua grandement à la combinaison qui faillit permettre à Rial d'ouvrir le score en première mi-temps. N'accablons pas ce pauvre Serge Roy qui doit certainement se rendre compte de la médiocrité de son match. Passe encore pour deux buts ratés, mais quelle lourdeur, quel manque de vivacité ! De la part d'un homme de 30 ans, c'est incompréhensible. Au rayon des satisfactions : Moreira. Lopez a fait ce qu'on attendait de lui : et la rentrée de Leonetti peut-être qualifiée d'honorable. |
L'O.M. RATE DES OCCASIONS IMMANQUABLES... et s'incline sur un tir du Rouennais LACHOT (0-1) |
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Il faisait beau. Les maillots rouges des normands et les maillots blancs des marseillais tranchaient gaiement sur le vert de la pelouse. Ils étaient encore 13.000 malgré les malheurs de l'O.M. Combien sont-ils prochaine fois ? Dès les premières minutes, on remarque la finesse et la précision du jeu rouennais. On apprécie la technique de Druda, Legrand et surtout de Frivaldi. On pense que l'O.M. va avoir du mal, mais enfin, ces petits Rouennais ne semblent pas très efficaces... Avertissement A la 10me minute, Frivaldi, sur centre venu de la droite, s'effaçait au profit de Legrand qui déclenchait un bon tir sur la barre. Sur le renvoi, Lachot reprenait et Krayer sauvait sur la ligne. Ouf ! À côté de moi, quelqu'un murmurait : "Après cela, ils ne peuvent plus gagner !" 'Ils" c'étaient les visiteurs qui continuaient à jouer avec la balle comme des chats avec une pelote de laine. Premiers ratés Rial se mettait en évidence, mais Stopyra et Roy ne tiraient pas parti de deux passes excellentes (17me, 21me). L'O.M. obtenait des corners par série. Sur l'un d'eux, une bonne tête de Rial (25me). Une minute plus tard, Aygoui amorçait une belle action sur la gauche, continuée par Roy qui centrait le long de la ligne de de but... Rial surgissait sur cette balle roulant à 5 mètres de la cage... But ? Mais non. L'Argentin plaçait la balle nettement au-dessus. Peu après, c'est Frivaldi qui contraignait Moreira à un envoi spectaculaire (28me). Sur un coup franc de Frivaldi, Destrumelle plaçait un bon coup de tête (38me), puis il était blessé avec un choc avec Rial. Leur ailier droit claudiquant, les Rouennais allaient laisser l'avantage du terrain à leurs adversaires. Mais Roy, à la 42me minute, n'utilisait pas un centre de Stopyra. Vertement critiqué, il se rachetait par un tir brossé qui passait de peu au-dessus. Juste au moment où M. Malville sifflait la mi-temps. |
Série noire Dès la reprise, l'O.M. se ruait à l'attaque et pressait Rouen sur son but... et Roy, seul devant Manolios, lui tirait dans le tibia... Le temps de déplorer cet échec et Rial, dans les mêmes conditions, ne levait pas le pied assez vivement et ne pouvait lober le gardien visiteur sorti bien imprudemment (46me et 48me), mais on penser que l'O.M. finirait bien par marquer, lorsque Dogliani, bien servi par Aygoui, plaçait un bon contre-pied, stoppé de justesse par l'immense gardien normand qui est d'ailleurs lyonnais. À la 63me minute, un centre aérien de Stopyra était manqué par la tête de Roy et le gauche d'Aygoui l'envoyait sur l'arrière Phelippon placé dans la cage. À la 65e minute, Aygoui réussissait un dribble magnifique qui le conduisait sur la ligne de but à quelques mètres de la cage... Une passe précise et Roy, à bout portant, réussissait... à envoyer la balle au-dessus. Incroyable, mais malheureusement vrai ! But de Lachot Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. Le casseur allait être Lachot, le plus dangereux des avants Rouennais. À la 68e minute, il recevait la balle le dos au but, à la limite de la surface marseillaise. Il évitait en pivotant Lopez qui le serrait de près, faisait quelques pas et plaçait soudainement d'une dizaine de mètres un tir du gauche qui passait sous la barre. Une action "à la Andersson" qui lui donner la victoire aux visiteurs. Il restait pourtant 22 minutes à jouer. L'O.M., toujours aussi imprécis et mal inspiré, ne sut pas les employer devant une équipe qui se regroupait rapidement en défense et faisait courir la balle avec précision lorsque l'occasion lui était donnée de se dégager. En somme, le succès de Rouen fut celui de la finesse sur l'aveuglement et la maladresse, même si dans l'échec de l'O.M. entre une incontestable part de malchance. Louis DUPIC |
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IL MANQUAIT LE PUNCH DU "MAL-AIME" L'O.M. n'est pas abrité des injures du championnat. Non, certes. Les réflexions, les pensées qui me viennent à l'esprit après ce match d'une indigence affolante, quoique moulues, aseptisées, digérées, à l'usage du supporter marseillais moyen, conformes aux statistiques et aux prévisions d'un début de saison bien entendu, ces pensées donc, prennent possession de nous, insidieusement et chaque jour davantage. On a eu le sentiment profond, en cette douce fin d'après-midi, que nos footballeur olympiens avaient encore beaucoup de choses à apprendre. On pouvait avoir quelque indulgence pour cette équipe démantelée par le raid d'Angers. Mais il restait tout de même des footballeurs d'appellation professionnelle sur la pelouse, et cette seule vocation aurait dû, pour le moins, nous priver du spectacle effarant qu'ils nous servirent 90 minutes durant. Cette fois ci, donc, l'O.M., à l'heure ou les techniciens de tous poils croient avoir mis le football en formule, est fourré dans un passage bien difficile. Nous sommes loin des espérances et des coups d'audace du début de saison. Nous voilà avec une équipe "démystifiée", décapée par le jet acide des réalités. En faisant un triple des bonnes et des mauvaises choses, en restera confondu. Confondu par les faiblesses athlétiques d'un ensemble auquel on ne peut pas dire que Penverne mène la vie douce. Confondu par la stérilité d'une technique du ballon au pied parfois ahurissant de pauvreté. Et pour dire les choses comme elles sont, cette équipe au blanc maillot s'écarte du combat, s'enchevêtre dans les erreurs et les faux mouvements, en un mot se trouve invertébrée, disloquée, dès qu'il lui manque son trio : Moulon, Sansonetti, Bruneton. C'est la première vérité. Elle est évidente. Sansonetti, le mal-aimé, peut escorter son jeu de toutes les tares, il n'en reste pas moins le seul joueur de combat, le seul athlète dans toute l'acception du terme à se servir dans ses démonstrations de ce mot magique : le punch. Pour Bruneton, c'est la combativité, la fraîcheur. Pour Moulon, la vitesse, la subtilité, l'adresse. À eux trois, ils sont le véritable visage de l'équipe marseillaise. Leur absence à réinstaller l'O.M. dans son petit jeu en circuit fermé, construit de lenteur et privé d'idées. Mais avant leur retour, les points s'envolent dans les airs du championnat. C'est précisément ce qui devient inquiétant. Lucien D'APO |
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LES LARMES DE MILAZZO " À sortie du stade, quelques jeunes énergumènes ayant insulté Roy, Milazzo a voulu prendre la défense de son camarade. Il s'en suivit un commencement de bagarre et l'on vit Milazzo, escorté par des amis, quitter le boulevard Michelet en pleurant. Décidément, à Marseille, les mêmes causes produisent les mêmes effets. De supporters à insupportables la marge est bien mince. |
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Max Schirchin : "Dommage pour l'O.M." L'énergique entraîneur du F.C. de Rouen, Max Schirchin, ne sautait pas de joie après la rencontre : "Je suis content, bien sûr, nous dit-il, mais j'ai de la peine pour l'O.M. Il faut parfois se mettre à la place de l'adversaire. L'équipe d'une aussi grande ville, jouant devant un pareil public devrait nettement mieux faire. Dommage pour elle, pour son entraîneur et pour ses dirigeants. "Quant à nous, nous avons surtout bien joué en première mi-temps. Mais dans l'ensemble ce ne fut pas un de nos meilleurs matches, tant s'en faut". - Quel âge a votre inter hongrois Frivaldi ? - 24 ans à peine. Il a été moyen sans plus aujourd'hui étant donné sa grande valeur. - À notre avis, pourquoi Roy a-t-il manqué ce but ? - Il a tiré en extension et le ballon a roulé sur son pied. Ça arrive. |