Résumé Le Provencal du 29 octobre 1962 |
Le derby de "l'Entente Cordiale" s'est terminé par la victoire de Nîmois (3-0) L'O.M. ne fut pas dominé CHILLAN seul fit la différence |
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NIMES - Les 10.000 spectateurs présents, hier après-midi, au stade Jean Bouin, en ont été pour leurs frais. Ils comptaient assister à un derby acharné alors qu'ils ont suivi un match e ndemi-teinte dont le rythme n'atteignit jamais l'intensité que l'on était en droit d'attendre. À vrai dire, on aurait pu croire qu'il s'agissait d'une banale rencontre amicale et il a fallu attendre la 48me minute (protestations des Marseillais sur le second but nîmois) pour voter quelques signes d'énervement. Certes les Nîmois pourraient alléguer qu'ils n'ont pas eu à forcer leur talent pour vaincre et c'est en partie exact, mais il y a pour le même des signes qui ne trompent pas. En fait, ni les vainqueurs ni à fortiori les vaincus, n'ont été satisfaisants, hier, sur la pelouse nîmoise et si les Gardois l'ont emporté sans discussion, ils peuvent se féliciter d'avoir eu en Paul Chillan l'homme qui fit irrévocablement la différence. D'ailleurs, Firoud n'illuminait pas dans le vestiaire après la rencontre et s'il appréciait les deux points pris par son équipe, il reconnaissait volontiers qu'il y avait beaucoup à dire et à critiquer. DEJA CHILLAN Pourtant le match débuta tambour battant et il y avait tout juste 4 minutes que l'on jouait lorsque Chillan déborda irrésistiblement Leonetti (comme il devait d'ailleurs le faire souvent par la suite) et centra dans sa foulée sur Fournier. D'une reprise sèche et tendue, ce dernier tenta résolument sa chance, mais Ugolini s'interposa et stoppa de la main. C'était le penalty que personne ne discuta et que Bettache transforma sans rémission. Les choses commençaient bien pour Nîmes. Il fut évident, néanmoins que ni les locaux ni les visiteurs, n'étaient dans un jour faste et, après ce début prometteur, le match prit l'allure bon enfant qu'il allait revêtir jusqu'au bout. À la 16me minute, on nota une action nîmoise conduite par Chillan et Djeballi qui se termina sur Fournier dont le tir fut dévié en corner par Moreira. Puis (20me minute) Knayer détourna le ballon en corner (avec la tête) sur un centre dangereux de Chillan. L'O.M. cependant attaquait fréquemment, mais s'il faisait illusions au milieu du terrain, la finition laissait à désirer. C'est ainsi qu'à la 21me minute, Pavon échappa à Bettache, passa à Roy qui dévia aussitôt sur Milazzo remarquablement placé pour égaliser. Malheureusement pour l'O.M., Milazzo manque complètement le ballon qui alla échouer en sortie. Un peu plus tard (31me minute) Milazzo décocha cette fois un tir excellent à la suite d'une ouverture de Knayer, mais le ballon passe de peu à côté. En définitive, jusqu'à la mi-temps, les lignes arrières nîmoises devaient contrôler assez aisément les tentatives marseillaises à l'exception d'une seule. |
En effet, à la 42me minute, sur un centre de Rial le minuscule mais excellent Pavon surprit tout le monde en reprenant la balle de la tête. Landi avait sans doute été fort inquiété par cette action mais la balle passe de peu à côté et la mi-temps survint sur le score d'un à zéro en faveur de Nîmes ENCORE CHILLAN On crut à la reprise que l'O.M. allait remonter son handicap car les hommes de Penverne attaquèrent résolument. D'ailleurs, dès la 47me minute, Roy profita d'un mauvais dégagement nîmois pour intercepter le ballon s'avancer et tirer fort. Landi heureusement pour Nîmes ne se laissa pas surprendre et au prix d'un plongeon spectaculaire il détourna en corner. Sur le dégagement qui suivit ce corner, Silvio Parodi s'empara du ballon, passe à Bessonnart qui lança Chillan en profondeur. Ce dernier déborda son garde du corps et tira. Moreira arrêta une première fois mais que se passe-t-il exactement ensuite ? Avouons que de notre place, nous n'avons pu le voir exactement. Moreira lâcha-t-il le ballon comme le prétendaient l'arbitre et les Nîmois ? Ou bien Chillan le lui fit-il lâcher dans des conditions irrégulières comme l'affirmaient les Marseillais ? Il est difficile de savoir mais M. Bois valida bel et bien le but que Chillan marqua et ceci malgré les protestations des visiteurs TOUJOURS CHILLAN Cette fois le match était joué et il ne restait pour ainsi dire plus d'espoir aux Marseillais (désespérément lents et maladroit au moment du tir) de remonter leur handicap de deux buts. Certes, tour à tour, Pavon (le meilleur avant visiteur), Viaene et Roy tentèrent de réduire l'écart mais sans résultat d'autant plus que leurs tirs passèrent soit au-dessus soit à côté. Au contraire, la 67me minute Chillan s'empara du ballon sur la ligne médiane, dévala tout le terrain, mystifia Ugolini et centra à ras de terre. Silvio Parodi qui avait suivi n'eut aucune peine à pousser le ballon dans les filets mais de l'infortuné Moreira. Nîmes avait 3 buts d'avance et tout était difficilement fini pour l'O.M. Le score devait d'ailleurs en rester là bien que Chillan encore lui ait préparé à la 78me minute, une occasion extraordinaire pour son coéquipier Fournier, mais celui-ci tira à côté ! Jacques PONS |
Pour l'O.M., le mal est bien ancré Pour Nîmes : "Vive la Martinique !" (D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES) |
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NIMES - Rien n'est plus trompeur que le résultat de cette rencontre. 3 à 0 ! On pourrait croire que l'O.M. a été nettement dominé et battu de même. En fait une équipe nîmoise que nous n'avons pas reconnue, tellement elle parut faible, se laissa le plus souvent manoeuvrer par un O.M. pavé comme l'enfer de bonnes intentions, mais aussi lent et maladroit dans la partie offensive qu'il l'avait été huit jours plus tôt devant Rouen. Le mal est bien ancré. Après cet avant-dernier échec, on nous avait dit : "Une malchance pareille, c'est pas croyable ! Ne pouvant pas faire plus mal, nous ferons mieux la prochaine fois". Nous venons de voir cette prochaine fois. Hélas, trois fois hélas. Il faut croire que le mal est bien ancré puisque l'attaque marseillaise ne réussit à transformer aucune de ses nombreuses tentatives en but. À droite, à gauche, par-dessus, sur le gardien, mais jamais dans la cage. Chillan l'insaisissable Tout cela n'explique pas les trois buts encaissés qui transformèrent cette tranquille promenade de santé en déroute. L'explication est assez simple pour qui se trouvait dans les tribunes de Jean Bouin. Un seul joueur, Chillan par l'avantage qu'il prit sur ses adversaires plus ou moins directs, fut à l'origine des trois buts marqués, s'il n'en marqua lui-même qu'un seul. Dès le début, Chillan écoeura complètement Leonetti ce que constatant, Armand Penverne fit permuter les deux arrières. Le résultat fut à peine meilleur. Si Ugolini réussit quelques crocs en jambes plus spectaculaires que son prédécesseur, il ne put que rarement mettre un frein aux débordements du brillant Martiniquais. Trois buts : un seul joueur Récapitulons : Premier but : Chillan passe sur la droite avec une facilité extrême et centre très joliment sur Fournier. Tir direct de ce dernier. Main Ugolini : penalty. Deuxième but : Chillan perce au centre. Poursuit son action et profitant d'un mauvais blocage de Moreira glisse la balle dans la cage. Troisième but : Chillan passe sur la droite, dribble, s'approche et sert Silvio Parodi. Ce dernier ayant comme on le dit, le pain et le couteau, ne laisse aucune chance à Moreira. Donc c'est avec assez net. Mettez Chillan à la place de Viaene et Viaene à la place de Chillan et le résultat eut sans doute été inversé. Un très pâle derby Quant à seul joueur entre pour une part aussi importante dans le résultat d'une reconnaissait que celui-ci fut de faible niveau. Toutes les personnes présentes à Jean Bouin ne nous contrediront pas, si nous affirmons que ce derby a été extrêmement pâle. Pas de rythme, un nombre inhabituel de maladresse, aucun jeu d'équipe de part et d'autre... en bref une sorte de match amical. |
Il y eut bien un blessé, Pavon mais il se luxa l'épaule en tombant, et si Bettache se fâcha, ce fut contre le public. Disons donc derby de l'entente cordiale, sous le signe du jeu le plus terne qui se puisse imaginer. Vive la Martinique Pour qui n'a pas vu jouer le Nîmes Olympique depuis un an cette équipe est l'ombre d'elle-même. Des excuses, certes, Kader Firoud on a : absences de José Parodi, Rahis, Perchey, Constantino, Oliver... Mais guère plus que l'O.M. privé qu'il était de Sansonetti, Bruneton, Alauzun et Tassone. Pour rester dans le présent, nous avons vu hier deux véritables "Crocodiles" : Chillan bien entendu et Charles Alfred. Vive la Martinique ! Landi qui n'eut qu'un seul tir dangereux à arrêter, ce n'est pas de sa faute s'il eût peu 6à s'employer, Bettache et Bandera en première mi-temps méritent, eux aussi, une citation. Le reste ne nous a pas emballé. Où est le Barlaguet souverain de ces dernières saisons ? Que faisaient Bessonnart et Djebailli ? Quant à Noël, on peut dire qu'il aurait causé la perte de son équipe, si Viaene avait su profiter du large boulevard ouvert devant lui presque en permanence. Fournier travailleur et Parodi (Sylvio) sont, de toute évidence, des produits de remplacement. Moulon, Tellechea et Pavon. À l'O.M., commençons par le meilleur : La jambe de Moulon a tenu et la rentrée de Raphaël Tellechea fut extrêmement satisfaisante. Pavon au poste d'ailier gauche qui ne lui convient pas du tout, fut son doute le meilleur attaquant de son équipe. Ajoutons-y que Knayer et Milazzo firent à peu près ce que l'on peut attendre d'eux. Passons sur les deux arrières latéraux. À quoi bon les accabler, ils firent ce qu'ils purent. Moreira a contre lui le deuxième but et un quatrième marqué de 35 mètres pas Fournier et refusé pour hors-jeu de position. Confiance tout de même à Roy Viaene pourtant gâté par le jeu et la faiblesse de Noël ne sut pas saisir la chance à lui offerte de s'imposer. Que dire de Rial qui n'ait déjà été dit ? Roy enfin mit à son actif un excellent tir en début de deuxième mi-temps, et, jusqu'à 3 à 0 se montra courageux et actif. Mais qu'il est loin encore du Roy que nous avons connu et aimé sous les couleurs de Monaco. On doit, cependant, lui faire crédit. |
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L'opinion de deux entraîneurs Arnaud Penverne : "Nous pouvions gagner le match" "Nous traînons avec que nous une poisse épouvantable. Prendre trois buts au cours d'un match où nous avons su créer autant d'occasions que le vainqueur. C'est absolument ahurissant, non ? "Pour moi un seul homme a fait la "différence" : l'ailier droit nîmois Chillan. Il amène le penalty, marque le second but et donne le 3me sur un plateau s'il avait joué avec nous aujourd'hui, je suis persuadé que nous aurions gagné Nîmes. "La façon même dont nous avons encaissé les deux premiers buts est navrante. À peine trois minutes de jeu en première mi-temps : penalty. À la reprise même tableau, 3 minutes encore, 2me but ; il y a de quoi décourager les meilleures volontés. Et comme actuellement dans l'équipe il y a quelques gars qui renoncent facilement, ce n'est pas fait pour leur donner du moral. Enfin, ne nous laissons pas abattre ! Il faudra bien récupérer quelque part les points perdus sur notre terrain... Mais ou ? -------------------------- Kader Firoud : "Compte tenu de nos malheurs" Dire que Firoud était transportée de joie après le match serait faire une grave entorse à la vérité. "Ce ne fut pas un bon match, disait-il, je le reconnais bien volontiers. Si l'on veut bien toutefois considérer les nombreux absents que nous comptions... et la fatigue assez normale qui commence à marquer certains de nos éléments de base, très solliciter ces temps derniers, j'estime tout de même que nous avons réalisé une bonne opération. Je suis évidemment très satisfait du match de "Popaul" : (lisez Chillan) qui aujourd'hui a prouvé qu'il était l'un des meilleurs ailiers droits français... Ce qui je ne cesse de prétendre depuis longtemps. Nous lui devons en grande partie cette victoire... mais elle est en fait le résultat d'un esprit collectif et comme je le disais quand tous nos blessés seront sur pied, nous ne devrions pas tarder à "faire mal". (Recueilli par Ray Legrand). |
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