Résumé Le Provencal du 17 décembre 1962 |
Face à un OM amoindri... l'indiscutable supériorité nîmoise s'est nettement imposée (3-0) |
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Qu'attendait-on de l'O.M. en ce dimanche venteux de décembre ? Un miracle. Un dernier sursaut. Les joueurs marseillais, dont la bonne volonté désarme la critique, se sont, certes, bien battus, mais sans résultat. Nous avons l'un mais pas l'autre. Le miracle espéré ne pouvait se produire, qu'au cas ou la solide et supérieurement organisée défense nîmoise eut commis quelques fautes. Or, rien de tel ne se passe. L'exploit de Bernard On en eut le pressentiment dès la cinquième minute. Coup franc pour l'O.M., à 20 mètres des buts nîmois. Un tir d'Aygoui subit, puissant et remarquablement placé. Tout autre que Bernard eut été battu. Mais, bien que surpris, le gardien international plongea, se détendit et arrêta la balle quasiment sur sa ligne. Cet exploit fut le premier tournant du match. Sur la remise en jeu, Chilan piqua petite crise le long de la ligne de touche, avant de centrer excellemment en retrait. Le ballon, frappé au passage par la tête de Fournier, entrait dans la cage de l'O.M. 1 à 0, déjà ! On nous a dit, - Si Bernard n'avait été là ! - Mauvaise raison, un gardien fait partie d'une équipe et l'on ne peut tout de même reprocher à celle de Nîmes de compter dans ses rangs le meilleur spécialiste de France, à ce poste important. Après ce premier direct au menton, l'O.M. n'accuse pas trop le coup. Tout au contraire, il se mit à dominer jusqu'à la mi-temps, avec l'aide du vent, il est vrai. On s'aperçut alors combien la défense de Nîmes était difficile à surprendre. Autour du roi Charles-Alfred de la Martinique, les Granier, Noël, Bandera, Barlaguet... et Djebaili le travailleur de force des Nîmois, le super crocodile, montent une garde vigilante. Contre ce mur mouvant, l'attaque de l'O.M. ne put rien, ou pas grand-chose. Cette situation dura jusqu'au début de la mi-temps. Domination relative des Marseillais et contre-attaques nîmoises, surtout redoutable quand elles étaient conduites par Chilan. Moulon claqué ! l'O.M. k.o. Toutefois rien n'était perdu pour l'O.M., quand se situa le deuxième tournant de la partie. Moulon, définitivement claqué, cette fois, dut abandonner son poste de dernier défenseur. Il s'en suivit un but de Chilan et le K.O. définitif des Marseillais. L'équipe nîmoise, totalement décontractée, devait à partir de ce moment, se "promener" littéralement sur le terrain. Le dernier quart d'heure qui vit un Nîmes olympique souverain, faire une véritable exhibition, aura été particulièrement pénible pour les supporters de l'O.M. |
Et c'est aux cris de "Zaraya démission" que les deux équipes regagnèrent les vestiaires. La tactique chère à Firoud. Le Nîmes Ol., qui n'est plus aujourd'hui, qu'à trois points du premier - qu'elle remontée ! - a joué, de bout en bout, suivant la tactique chère à Kader Firoud. Ne pas attacher une grande importance au centre du terrain et faire porter l'essentiel de ses forces dans ce qu'on appelle les deux zones de vérité. La démonstration fut surtout réussie en ce qui concerne la défense. Par contre dans la partie offensive, en dépit de la classe internationale de Chilan, ce fut un peu moins convaincant. Les trois buts marqués par les "crocodiles" sont tout autant dus à la faiblesse des défenseurs marseillais qu'à la force de l'attaque nîmoise. C'est de ce côté, que Kader Firoud devra essayer d'améliorer son équipe s'il veut viser le titre. Nîmes en net progrès Quoi qu'il en soit, le Nîmes Olympique est en net progrès il a retrouvé un rythme déjà bon et on doit lui faire confiance. Les grands hommes de cette équipe sont toujours Chilan, Charles-Alfred, Bernard... et Djebaili. Mais les autres sont sur la bonne voie. La preuve ! On ne s'aperçut guerre de l'absence de Bettache. L'O.M. avait bien débuté Que dire de l'O.M. ? Que dire qu'il n'ait déjà été dit ? Chaque dimanche soir depuis trois mois, nous nous trouvons devant le même pensum. Celui d'essayer de n'être ni trop injuste, ni trop méchant, à l'égard de jeunes gens que nous plaignons surtout, de s'être embarqués dans cette galère. Pourtant hier, leur première mi-temps avait été plutôt bonne. L'attaque combinée assez bien et la défense formait un bloc suffisant. Malheureusement, une fois l'indispensable Moulon claqué et Alauzun à demi indisponible, tout s'efforça et s'effrita. Alors ?... Le drame et qu'on ne voit pas comment améliorer cet ensemble. Certes, Bruneton n'est pas un arrière, mais à Nîmes, les titulaires du poste, avaient été encore moins brillants que lui, devant Chilan. Alauzun re-débutait au poste d'inter, après trois ans d'inaccoutumance et à genoux en mauvais état. Tant qu'il put courir, il fit mieux que ceux qui l'avaient précédé à ce poste délicat. Alors ? Alors, bornons-nous à dire que Barellas, Moulon, Milazzo, Dogliani et Roy furent dans l'ensemble, les meilleurs de l'équipe... Et à la grâce de la Bonne Mère ! Maurice FABREGUETTES |
UN CENTRE ET UN TIR... CHILLAN fit la décision... |
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Comme à Nîmes, mais dans des circonstances différentes, c'est Paul Chillan qui fit la décision. À la 5e minute, sur un coup franc violent d'Aygoui, l'O.M. aurait dû ouvrir la marque sans la classe de Pierre Bernard, qui réalisa une parade sensationnelle. Une minute plus tard Chillan débordait Bruneton (arrière gauche) et centrait in extremis. Fournier déviait de la tête, dans les filets. Nîmes, 1 : O.M., 0. L'événement majeur était ensuite un nouveau claquage de Moulon, contraint de rattraper Parodi, parti seul de la ligne médiane (30e). À la 41e minute, Fournier s'en allait vers le but mais échouait par manque de décision. À la mi-temps : Nîmes, 1 : O.M., 0. Après la pause, les deux équipes se partageaient tout d'abord les occasions, Moulon sauvait devant Chilllan (47e) et Charles Alfred à deux reprises, devant Aygoui (53e). Le même Aygoui hésitait (57e) sur une très bonne passe en profondeur de Roy. Fournier échappait à Barellas (64e) et tirait à ras de terre et au ras du montant. À la 65e, c'était le k.o. Servi par Parodi, Chillan évitait en souplesse l'assaut de Knayer, arrivait près du but de Moreira et trompait celui-ci d'un tir aussi violent que précis, malgré l'angle difficile. Nîmes, 2 ; O.M., 0. L'O.M. réagissait par Sansonetti, qui débordait Noël (70e) et terminait par un centre excellent que Bernard allait chercher dans un paquet de joueurs. Bernard récidivait sur un tir appuyé de Moulon (76e). Peu après (77e) un revers acrobatique de Djebaili permettait à Constantino de tirer sur la barre. Ce n'était que partie remise. À la 81e minute, Djebaili faisait le travail pour Parodi, qui n'avait car mettre le point final. Nîmes, 3 ; O.M., 0. À deux minutes de la fin, Aygoui, absolument seul, recevait un centre de Dogliani et ne parvenait pas à en tirer parti. L'O.M. rentrait aux vestiaires au milieu de "mouvements divers". |
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BERNARD : "L'O.M. a lutté avec persévérance" |
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Dans le camp Nîmois, satisfaction générale. Le président Chiariny nous dit : "Ce ne fut pas un grand match ! Je crois que nous avons eu raison de ne pas faire jouer Betache !" L'entraîneur Kader Firoud nous confia : "Ce fut un choc difficile ! En première mi-temps les Marseillais en voulaient ! Après la pause ce qui m'a choqué chez nos adversaires, c'est leur manque de rythme, de vitesse, de vivacité !" Le goal Bernard constatait : "Marseille c'est une équipe qui se bat ; Roy, les ailiers ont lutté ! Je vous assure, j'ai admiré la persévérance des blancs ! Barlaguet souligna : "Nous avons largement mérité notre victoire en deuxième mi-temps !" Chez les Marseillais, silence de mort. M. Zaraya baissait la tête, le coach espagnol Luis Miro nous dit simplement : "C'est la blessure de Moulon qui a tout désorganisé ! Jusque-là nous n'avions encaissé qu'un seul but !" Moulon nous confia : "Quand je me suis claqué, ça n'allait plus ! Et Alauzun ajouta : "J'ai joué, mais je n'étais pas guéri de ma blessure au genou !" Alain DELCROIX |