Résumé Le Provencal du 31 décembre 1962 |
SANSONNETTI a sauvé l'arbitre en marquant le but victorieux de l'O.M Cette victoire sur le Stade (3-2) est la première depuis 102 jours ! |
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Enfin une ! Ce fut pour les joueurs, les dirigeants, l'entraîneur, les spectateurs... et les journalistes, le cri du coeur. Enfin une victoire, vous l'aviez sans doute deviné. Depuis le 19 septembre, date de son dernier succès à Grenoble, les Olympiens n'avaient plus franchi, en vainqueurs, la porte d'un quelconque vestiaire. Aussi, nous laissons vous le soin d'imaginer la joie générale qui se pouvait lire aisément sur tous les visages marseillais, avant, pendant et après la traditionnelle douche. L'égalisation d'Eschman Cette victoire, pourtant méritée, avait été deux fois remise en cause, dans des conditions propres à mettre à vif les nerfs des spectateurs. Un but d'avance - une tête classique sur un excellent centre de Sansonetti - avait répondu à la 45me minute un but malheureux d'Eschman. Malheureux, pour l'O.M. cela va de soi. Le sympathique Norbert, en voulant centrer en direction de ce Skiba, réussit à "lober" Moreira, logeant ainsi la balle dans la cage. Ce qui fit qu'à la mi-temps les commentaires manquaient de chaleur. D'autant que la rencontre avait paru de qualité médiocre. À ce sujet, il est bon de faire remarquer que la pelouse, dans un état désastreux, se prêtait mal au bon football. Glissant ici, s'engluant dans la boue là, trahis par les rebonds de la balle, les joueurs avaient droit à quelques excuses. La colère du public Mais c'est en seconde mi-temps que la "marmite" faillit exploser. L'O.M., animé des meilleures intentions, avait repris l'avantage à la suite d'une fort belle action. Touche. Aygoui sert Bruneton qui lui rend la politesse. Petite passe à Leonetti avancé. Ce dernier, constatant que les défenseurs stadiste reculaient devant lui, avance... avance... jusqu'à la ligne du camp. De là, il centre intelligemment en retrait. Roy se lance, à corps perdu, et marque d'un coup de tête. 10.000 spectateurs payants, plus les resquilleurs officiels ou officieux se levèrent d'un même élan. On venait à peine de remettre en jeu, que tout jeune Loubet partait sur la gauche. Knayer le contrait. Les deux joueurs tombaient, ce qui, sur ce terrain gluant, était assez normal. À la surprise générale, l'arbitre siffle penalty. On vit alors, tandis que M. Malleville était entouré par les joueurs marseillais quelques spectateurs surexcités, descendre ou tenter de descendre sur la pelouse. Entre certains justiciers et le service d'ordre il y eut quelques séances de catch dignes de la télévision. Le calme revenu, Norbert Eschman marqua imparablement le deuxième but de son équipe. |
Sansonetti a sauvé l'arbitre A ce moment-là, on pouvait prévoir un après-match difficile et mouvementé, pour l'honorable M. Malleville. L'O.M. heureusement pour tout le monde, vola à son secours de belles et sportive façon. Un très bon service en profondeur d'Alauzun, en direction d'Aygoui. Un excellent centre, tendu à souhait, de l'ailier gauche olympien. Et, pour couronner ce festival, un plongeon de Sansonetti, compliqué d'un coup de tête qui catapulta la balle dans la cage. Le tout, qui se joua sur 50 mètres, en deux coups de pied, un coup de tête et deux ou trois secondes au plus. Un but de modèle, un but de mathématiques, auquel ne manquait ni la clairvoyance, ni la précision, ni l'engagement total. L'O.M. venait de se comporter en équipe de têtes : trois buts sur trois marqués d'un "coup de boule", comme le dirait Pironti. Après cet exploit, il ne reste plus qu'à attendre le coup de sifflet final. Notre objectivité nous fait cependant un devoir de signaler que l'arbitre omit de sifflet au bénéfice de Loubet, un penalty aussi indiscutable, celui-là que l'autre était douteux. Félicitations générales Au soir de cette victoire, dont nous osons espérer qu'elle aura une suite, il sera malséant de ne pas englober tous les joueurs olympiens dans les mêmes félicitations. Constatons cependant, que Roy et Sansonetti semblent avoir retrouvé tout leur mordant. Leur "punch", si vous préférez l'anglais. Soulignons, aussi, le travail précieux de Tellechea et Bruneton, en seconde mi-temps et l'autorité retrouvée de Knayer. Une petite réserve, toutefois, il nous a semblé qu'avec un peu plus de sang-froid, de clairvoyance collective, l'O.M. pouvait gagner ce match plus facilement. Ce diable de jeune Loubet Le Stade, sur ce match, paraît avoir de bons joueurs ne faisant pas encore une bonne équipe. Nous avons, ce n'est pas original, plus particulièrement remarqué le jeune Loubet (16 ans et demi) dont la classe éclata à maintes reprises. Stako, Skiba, Alba furent également parmi les meilleurs de leur équipe. Lerond, par contre, passa inaperçu. Eschman ne tardera pas à retrouver l'intégralité de ses moyens et l'excellent Carnus n'eut pas beaucoup d'occasions de briller. Maurice FABREGUETTES |
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ALAUZUN, ROY SANSONETTI... trois buts de la tête |
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8e minute : Tir appuyé de Milazzo sur passe d'Aygoui. Bel arrêt de Carnus. 9e minute : Loubet dribble Barellas, évite Knayer et tire sur la barre. 38e minute : La balle échappe à Stako, Sansonetti centre en hauteur, Alauzun à 5 mètres des buts marque d'une tête "placée". O.M. : 1 ; Stade : 0. 45e minute : Eschman centre de la droite. Skiba se précipite... et la balle entre seul dans les filets. O.M. : 1 ; Stade : 1. 48e minute : Leonetti servi par Aygoui attaque franchement, s'infiltre, centre en retrait. Roy surgit et marque d'une tête à mi-hauteur. O.M. : 2 ; Stade : 1. 51e minute : Loubet s'accroche avec Knayer et tombe dans la surface. Penalty discutable, transformé par Eschman. O.M. : 2 ; Stade : 2. 54e minute : Barellas fauche Loubet. Incidents. Des spectateurs entrent sur le terrain. Palabres. 69e minute : Roy centre de la droite. Carnus et Sansonetti manquent la balle. Aygoui seul au point de penalty échoue. 70e minute : Loubet perce et entre dans la surface. Il est retenu par le bras ou le maillot. Penalty indiscutable que M. Malleville ne siffle pas. 72e minute : Alauzun donne à Aygoui qui centre. Sansonetti plonge et marque de la tête. |
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Luis MIRO : "Que pensez-vous de la métamorphose de ROY" |
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Les commentaires allaient bon train dans les vestiaires marseillais. Les joueurs olympiens avaient enfin retrouvé le goût de la victoire ! M. Thévenot nous dit : "Les Dieux étaient avec nous ! J'ai apprécié surtout la façon dont le match a été gagné ! Quelle volonté ! Les "blanc" n'ont jamais douté". L'entraîneur Luis Miro s'exclama : "Quel match difficile ! Le penalty était trop sévère. Vous avez vu la transformation de Roy !" . Roy était souriant : "Les centres en course sont toujours payants !" Milazzo constata de son côté : "Nous avions un bon moral ! Je ne comprends pas que l'arbitre m'ai dit : "Je vous tiens pour civilement responsables". Je lui ai répondu : "Ne vous inquiétez pas, vous sortirez du stade avec moi ! " Henri Leonetti nous confia : "Je souffrais d'une angine ! Je n'étais pas dans mon assiette". Knayer fit remarquer : "Si j'ai taclé la balle, il n'y avait pas penalty !" Dogliani exhiba son bonnet de ski : "J'avais dit à Strasbourg que ce serait notre fétiche ! Je crois que qu'il remplit bien son rôle. Moulon nous indiqua qu'il avait encore besoin d'une quinzaine de jours de repos et ajouta : "Quel match à émotions ! Enfin un succès !" Et Raphaël Tellechea conclut : "Bien ou mal joué ? Inutile de poser la question, le principal c'est de gagner". Les Stadistes inquiets à leur tour Chez les Stadistes, les visages étaient sévères. L'entraîneur Léon Rossi nous dit ses impressions en ces termes : "Il était difficile de gagner dans des conditions pareilles ! L'arbitre n'a rien signalé sur la feuille de match. |
Norbert Eschman, ancien olympien, précisa : "Cette défaite nous met dans une drôle de situation ! Je serais heureux que l'O.M. s'en sorte pour M. Zaraya qui a fait de gros sacrifices. Lerond s'écria : "Ce n'est pas beau ce que Knayer a fait au jeune Loubet. Il y avait un deuxième penalty indiscutable !" Stako surenchérit : "Les Marseillais n'ont pas été réguliers, ils ont abusé des charges anormales, mais Knayer a réellement exagéré ; il y a des choses qu'on ne fait part". Célestin Oliver, ancien Marseillais et Sedanais assistait au match O.M. - Stade hier après-midi. Il vint congratuler les Olympiens et ainsi les Stadistes, en particulier son ancien coéquipier Norbert Eschman. "Ce fut une empoignade sévère ! On sentait que l'enjeu était très important pour les deux équipes. Alain DELCROIX |
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Le délégué Avait la vue courte Dans les vestiaires, après la rencontre, un seul homme paraissait complètement ahholé ; le délégué de la Ligue M. Lalleman. Ne donna-t-il pas l'ordre, aux policiers de service d'évacuer tout le monde y compris les journalistes. Devant le peu d'empressement des agents dans les rapports avec la presse sportifs marseillaise ont toujours été excellent il nous dit : "Vous ne voyez pas tous ces gens massés devant la sortie !" Lui seul n'avait pas vu que "tous ces gens" attendaient les joueurs de l'O.M. pour les féliciter. |