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Le Provencal

du 03 mars 1963

 

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Résumé Le Provencal

du 04 mars 1963

 

Le match des occasions manquées

Une tête royale.. de ROY

a ruiné les espoirs rémois

Comment pouvait le prévoir, le match Reims - O.M. a suscité un vif engouement hier après-midi au Stade Vélodrome.

Sous un ciel et un soleil printanier, le stade vélodrome avait repris un visage que nous ne lui connaissions plus. Il était noir de monde.

Et quand M. Bois appela les deux équipes sur la pelouse, il n'y avait pas de grands creux dans les gradins. Trente mille spectateurs environ pour applaudir les équipes annoncées cette à dire dans les rangs marseillais : Moreira ; Barellas, H. Leonetti, R Tellechea ; Moulon, Bruneton ; Sansonetti, Milazzo, Roy, Rial, Dogliani ; et dans le team champenois : Barreau, ; Wending, Rodzik, Moreau ; Kaelbel, Vincent ; Kopa, Siatka, Akesbi, Piantoni, Sauvage.

Pendant les premières minutes de jeu, les deux équipes s'observèrent, puis à la huitième minute, Sauvage déborda avec beaucoup d'esprit de décision, mais shoota en dehors de la cage.

Roy d'une tête royale

Mais l'attaque olympienne s'organisa et Roy à la 10me minute, tira avec à-propos sur Barreau qui, à terre, repoussa sans grande force, la balle échut à Sansonetti qui fit un heading sur la barre transversale. Le but "chauffait" et Roy bien placé de la tête reprit le cuir expédia la cage rémoise.

O.M. : 1 - REIMS : 0.

Dans le stade, ce fut une véritable explosion de joie.

Les Marseillais se sentaient plus légers et les Rémois plus complexés. Ce sentiment allait s'affirmer au fil des minutes.

Après une tête de Dogliani (onzième minute) et un tir imprécis de Sansonetti, Akesbi donna un vif frisson aux supporters phocéens.

Il démarra avec infiniment d'esprit de décision, surprit les défenseurs au maillot blanc, tira dans sa foulée, Moreira repoussa la sphère trop faiblement, mais Moulon vigilant réussit à sortir la balle de la surface des 18 mètres.

Une combinaison entre Akesbi et Kopa n'aboutit à aucun résultat. À ce moment-là les portes furent ouvertes à plusieurs milliers de retardataires purent prendre place autour de la pelouse.

Akesbi expédia dans sa foulée un tir au-dessus des bois. Milazzo fit une percée (42e) et à la 44e, Moulon concéda le premier corner, de la rencontre devant Sauvage.

Des Marseillais allaient-ils conserver leur avantage au cours de la deuxième reprise ? Les Rémois allaient-il faire le forcing pour combler leur retard.

À la 49e minute, Dogliani réalisa un magnifique centre qui obligea Rodzik à dégager en corner, puis Roy donna un heading en dehors de l'encadrement et puis Roy fonça, centra, Barreau manqua la réception. Sansonetti rata une belle occasion d'aggraver le score.

Sauvetage de Milazzo

A la 69e minute le camp de Marseille frémit. Sur un coup franc, Kopa botta. Moreira lâcha la balle. Milazzo intervint fort à propos pour éloigner le danger et envoyer la sphère, vers le milieu du terrain.

Sauvage entama peu après un sprint fort dangereux (71e) mais Moulon surgit et d'un tacle décidé dégagea.

Sur un tir magnifique de Dogliani (75e), Barreau repoussa la balle difficilement.

Moreira fit preuve de promptitude en subtilisant la balle destinée à Akesbi et en la mettant en corner (76)

Les Champenois semblaient dans cette période avoir retrouvé une grande partie de leurs moyens et de leur facilité.

Mais les olympiens réagirent encore avec vigueur. C'est ainsi que Roy, tira dans sa foulée (76e), Sansonetti envoya un bolide au-dessus (81e).

Sur un sens de Sansonetti (85e), Barreau exécuta une parade spectaculaire.

La dernière chance.

A la 87me, Reims faillit obtenir l'égalisation à laquelle il ne pouvait ne croyait plus.

Piantoni avait lobé Moreira mais Moulon bondissant comme un diable, renvoya la balle qui allait pénétrer dans la cage du vide. Les hommes de Batteux avaient sans doute laissé échapper leur ultime chance.

Et c'est Marseille qui parut capable d'augmenter la marque en sa faveur. Sansonetti à la fin d'une corse rapide, donna un boulet de canon que Barreau qui parvient à le renvoyer d'extrême justesse.

Et M. Bois siffla la fin de la partie. L'Olympique avait battu Reims par un but à zéro et, confirma ainsi sa qualification brillante en seizième de finale obtenue 72 heures plus tôt au stade des Hespérides.

Des centaines de gosses envahirent le ground pour aller féliciter des olympiens qui avaient mérité d'être entourés !

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TRENTE MILLE SPECTATEURS RECONQUIS

PAR UN ARDENT O.M.

Il restait deux minutes à jouer peut-être trois, et la foule marseillaise sifflait en cadence pour inciter M. Bois, arbitre de la rencontre, à donner le signal de la fin, préservant ainsi la victoire de l'O.M. sur Reims.

Une sortie désespérée de Moreira et le ballon littéralement sur le pied gauche de Piantoni, qui le souleva du sol et loba toute la défense marseillaise. Le coeur de la foule cessa de battre ! mais la tête de Moulon repoussa une nouvelle fois le danger.

Sur la contre-attaque, Sansonetti jeta ses dernières forces dans la bataille et, à l'autre bout du terrain, contraignit Barreau à une parade spectaculaire, qui évita à Reims humiliation d'un deux à zéro.

Multiples occasions !

Et bien, toute la rencontre fut pratiquement à l'image de ces derniers instants que nous venons d'essayer de vous décrire, une succession d'occasions de buts de part et d'autre, l'O.M. marquant dans ce domaine un léger avantage qui légitime sa victoire.

Comme nous l'espérions confusément, les Marseillais stimulés par leur qualification en Coupe de France attaquèrent la rencontre tambour battant et dominèrent généralement jusqu'à la pause.

Dès la 8e minute, ils ouvraient le score, 3 joueurs ayant participé à la réussite de l'entreprise : Dogliani qui donna à Roy, Roy qui tira une première fois sur Barreau, Sansonetti qui expédia la balle sa la transversale d'un solide coup de tête, et enfin Roy qui, toujours la tête la plaça sous la barre dans le haut du filet.

Ce but allait être le seul de la rencontre, et personne ne nous contredira si nous écrivions que ce fut contre la physionomie de la partie...

En effet, alors que l'O.M. dominait en première mi-temps, Akesbi (25e) parti seul de très loin pour échouer sur un excellent Moreira. Deux minutes plus tard, L'ex-Nîmois lançait Raymond Kopa qui déboulait sur la gauche, mais ne parvenait pas à se rabattre vers la cage marseillaise.

Les efforts de Cannes

En seconde mi-temps, alors que Reims dominait nettement une équipe locale se ressentant enfin de ses efforts du jeudi précédent, et qui subissait le handicap blessure de Roy, ce furent les Marseillais qui ratèrent plusieurs occasions de creuser l'écart.

À la 63e minute, Roy, le blessé, passa Moreau et donna au centre une balle parfaite que Milazzo et Sansonetti ratèrent inexplicablement.

Puis c'était un tir splendide de Dogliani que Barreau avait beaucoup de mal à repousser (73e), enfin, Sansonetti profitait de la domination rémoise pour partir de très loin de trop loin. Car, fatigué, il piétinait sans voir Roy totalement démarqué sur sa droite et en face des buts (83e).

Reims de son côté passa très près de la réussite sur un coup franc de Kopa repoussé par Moreira, puis Milazzo ( 68e) et sur un lobe de Rodzik qui passa juste au-dessus de la transversale (73e).

Rencontre à émotions

On voit que les 30.000 spectateurs du stade vélodrome eurent à la pelle de splendides occasions de vibrer, d'espérer et de craindre. Mais ce sont ses émotions qui font finalement le succès et l'intérêt d'une rencontre.

Car de football classique et ordonné il n'y eut guère mais on l'oubliera facilement.

De Moreira à Roy

L'O.M. fit preuve d'une volonté qui atteignit souvent l'abnégation, de l'excellent Moreira au blessé Roy... la défense ne se désunit jamais et ne s'affola nullement lors de la terrible pression rémoise.

Barellas et Leonetti bouclèrent souvent Sauvages et Kopa. Moulon fut excellent, Tellechea précieux par son placement et son calme. Bruneton par son énergie et son abattage.

En attaque, Milazzo fut surtout au four et au moulin, tandis que Rial ne perdant pratiquement pas de balle était encore meilleur que jeudi.

Roy, Sansonetti et Dogliani, malgré la difficulté de leur tâche ne renoncèrent jamais et inquiétèrent jusqu'au bout les défenseurs internationaux de Reims. Exténué par de longues courses, ils doivent être félicités tous les trois.

Reims moyen

Les Rémois, souvent débordés en début de match ne dominèrent qu'en raison de la normale baisse de régime locale et ne surent pas en profiter.

Seuls les défenseurs furent bons dans l'ensemble et, que ce soient. Wending, Rodzik ou Kaelbel, dangereux par leurs contre-attaques.

Kopa fut excellent temps que Reims fut dominé et réussit plusieurs passes admirables, mais Akesbi est hors de forme, et Sauvage est toujours bien primaire. Piantoni, lui fut extrêmement craintive et se refusa au moindre risque.

Tous cela, bien sûr, ne fait pas une grande attaque... ni une grande équipe. Ce serait le mot de la fin.

Louis DUPIC

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NOUVEAUX REMOIS

par Lucien D'APO

Après les événements désespérant de ces derniers mois et comme pour racheter ses fautes passées, l'O.M. nous offrirait-il des émois nouveaux ?

Le voilà qui, après avoir mis hors de course le onze niçois, avec quelque bonheur, c'est entendu ce, cinglé vers le large pour aller couler magistralement le solide vaisseau du Stade de Reims. Et cela avec une équipe de baroudeurs qui nous eut comblés si elle avait joué les corsaires vainqueurs un peu plus tôt dans la saison. Aujourd'hui, ceux qui vivent de l'amour de l'O.M. et de l'eau claire du championnat - ils sont des kyrielles - n'en seraient pas aux calculs de probabilités dont on sait ce qu'ils valent quand on les consomme à longueur de journée.

Et ma foi, il n'y a pas de naïveté à écrire que si cette équipe, telle qu'elle était hier dans sa vérité, dans sa fraîche conception du jeu, dans sa sereine résolution, s'était ainsi comportée un dimanche trois, elle n'en serait pas à courir après le miracle.

À Cannes, déjà, on avait apprécié les promesses d'un regain. Qui dit sport dit honnêteté et sincérité dans l'effort. Quand il s'agit d'un jeu d'équipe, il exige la détermination collective, l'effacement de l'individualisme. Hier les Marseillais se sont non seulement abrités derrière les canons de cette morale sportive, si l'on peut exprimer ainsi, mais ont voulu prouver aussi qu'ils pouvaient user d'un football méthodique, de bonne essence et en fin de compte se révéler... presque efficace.

Il est si rare de pouvoir écrire cela en cette longue période de disette, que notre plume a failli en rester figée d'étonnement.

Mais laissons aller...

...Jusqu'à ce que Jean Pierre Dogliani au coup de patte affûté comme un rasoir. Le football est en lui comme il était en Roger Scotti. En fin de match, il était aussi las que pouvaient l'être Sansonetti, Roy et ses autres camarades. Mais il restait en lui quelque chose de souverain, d'élégant, d'inspiré.

Mais quel match ! Vif, plaisant, éblouissant de vie, des fresques à vous couper le souffle, c'est étonnant ballet de la première mi-temps, ponctuée de mouvements foudroyants. Et un final construit à grands coups de courage, d'efforts désespérés, de détente suprême pour sauver ce petit but, ce tout petit but devenant énorme au trille de la victoire.

C'était du Berlioz adapté au football.

C'était l'O.M. en rendu à ses traditions.

Et avec un peu d'imagination, presque l'O.M. d'autrefois.

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VESTIAIRES REMOIS

Mutisme, soliloque, onomatopées

Battus et abattus ! Tels étaient les Rémois après leur échec parfaitement logique pourtant.

Envahis par la vapeur d'eau des douches, les vestiaires n'étaient pas accueillants. C'est un silence glacial qui accueillit nos questions. Suspendus aux lèvres des Champenois, notre bilan, au bout de dix minutes était le suivant : le soliloque d'Albert Batteux qui faisait grise mine sous sa casquette à carreaux noir et blanc, des onomatopées à foison qui, pour constituer un baromètre précis de l'état d'âme, n'en sont pas moins difficiles à retranscrire.

Mais notre patience fut récompensée. Nous n'allions pas revenir bredouille de notre chasse aux potins.

- Raymond Kopa, quelle est, à votre avis, la morale de cette histoire ?

L'ailier, occupé à délacer ses chaussures, leva la tête et, d'un geste nous désigna ses associés de la ligne d'avants, Roger Piantoni, Boudeur, Siatka, Akesbi et Sauvage gênés.

- Demandez leur à eux quelle est la morale de ce match ?

Silence du "feu follet" rémois. Puis au bout de ce silence, "l'envoi".

"Pour gagner un duel aussi important que celui d'aujourd'hui il faut marquer des buts ! Or, nous n'avons rien fait de bon ! C'est une grave lacune...".

le jeune Barreau, le goal, saisit, si l'on peut dire la balle au rebond :

"C'est pire ! Nous avons failli encaisser deux buts de raccroc (sic !)..."

Et les langues se déliaient. et la volubilité succédait au mutisme de mauvais aloi.

Rodzik regrettait : "Le public Marseillais qui a envahi le stade nous a gênés ! Je suis sûr que notre timidité avait un rapport direct avec cette présence inopportune des supporters à proximité du terrain de jeu !"

Vincent haussa les épaules :

"N'exagère pas ! La partie a été suspendue pendant trois minutes et elle a repris normalement ! Nous n'avons aucune excuse !"

Wendling, de son coté, reprochait à Sauvage de l'avoir oublié en une circonstance dangereuse pour l'O.M.

L'ailier se défendait : "Je ne t'ai pas vu, mon vieux !"

Albert Batteux se mouvait lentement, les yeux perdus dans le vague, comme un somnambule.

La victoire de Monaco à Paris , la défaite de Reims à Marseille...

Deux affreux cauchemars !

André HATCHONDO

 

M. Bois a voulu

Un insigne olympien

Dans les vestiaires marseillais, l'un des dirigeants du club olympien, Docteur Luciani cherchait un insigne du club olympien, allait de groupe e n groupe en disant : "L'arbitre M. Bois m'a demandé un insigne de l'O.M., il faudrait en trouver un avant qu'il ne quitte le stade !"

Finalement sa demande obtint un écho. Le masseur Edouard Moreni, lui répondit :" J'en ai un, je vais vous le donner !"

Et le docteur Luciani put aller remettre au "referee" le petit objet souhaité

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