Résumé Le Provencal

du 24 mars 1963

L'O.M. s'incline à ROUEN (0-3)

(De notre spécial : Maurice FABREGUETTES)

ROUEN - Après avoir hésité toute la journée entre la neige et la pluie, le temps a finalement opté pour un froid vif, un froid agrémenté d'un petit vent rappelant assez bien notre mistral.

C'est sans doute pourquoi le public n'est pas venu nombreux à cette nocturne un peu prématurée, semble-t-il. Mais l'éclairage était excellent, la pelouse en très bon état, et l'O.M. se présente finalement dans la formation prévue, Moulon, qui avait passé l'après-midi au lit pour cause de vertige, ayant accepté de tenir sa place.

Un excellent arrêt de Moreira, ce qu'on appelle les bagatelles de la partie où le round d'observation ont duré exactement 10 minutes. Dix minutes durant lesquelles Moreira et Manollos ne touchèrent pas le ballon.

C'est alors que le petit Buron, d'un tir net tranchant du gauche, ouvrit réellement les hostilités. Moreira se détendit avant et de cueillir la balle au vol dans le style aérien qu'on lui connaît. Jusqu'à présent, les deux équipes ont fait sensiblement jeu égal. Il est curieux de constater que toutes deux usent et abusent en défense de la tactique du hors-jeu.

Notons au passage un corner pour chaque équipe, quelques tonitruants "Allez l'O.M. !" partis du public (il y a des Marseillais partout), un accrochage entre Roy et Bruat, et nous voilà déjà à la 15ème minute.

Chaude alerte pour l'O.M. à la 20ème minute. Buron, qui est passé à droite, dribble Leonetti et centre en direction de Lachot et de Destrumelle, qui se trouvent seuls devant Moreira. Ce dernier en voulant intervenir, est bousculé irrégulièrement par ses deux adversaires. Coup franc, mais on a eu chaud.

Cinq minutes après, une remarquable combinaison Pavon - Roy - Dogliani se termine par un dribble du jeune attaquant de l'O.M. et un tir qui fait mouche. But annulé pour hors-jeu. Dogliani ayant doublé Bruat avant de tirer. Immédiatement après, un centre très dangereux de Buron, toujours lui, et intercepté de nouveaux en plein vol par Moreira.

Depuis un moment, nous arrivons maintenant à la 30ème minute, les incidents se multiplient sur le terrain. L'arbitre, M. Zuszek nous paraît extrêmement faible et par la même incapable d'arbitrer correctement cette rencontre. L'O.M., on sans doute, opère le plus souvent par contre-attaque, mais celles-ci sont généralement bien conduites, principalement par Roy, qui se dépensa avec bonheur au centre du terrain. Mais la pression rouennaise, favorisée il est vrai par le repli systématique des demis de l'O.M. devient de plus en plus forte au fil des minutes, et à la 40ème, il faut un nouvel exploit de Moreira pour que Rouen n'ouvre pas le score.

Moulon et Barellas se mésentendent de façon horrible, laissant partir Destrumelle, qui jouait alors en position d'ailier gauche, Destrumelle, très proche à quelques centimètres à peine de Moreira. Un plongeon de celui-ci sauve miraculeusement la situation.

Mais ce n'est que partie remise. À la 43e minute, Tellechea ayant fait un croc-en-jambe à Buron, coup franc pour Rouen sur le côté droit des buts de l'O.M. Ce coup franc et habilement tiré par Della Ciecca. Legrand seul au milieu de 4 ou 5 défenseurs olympiens, ne fait qu'effleurer de la tête la balle, la déviant dans la cage gardée par Moreira. But stupide, but d'inttention.

À la mi-temps, donc, Rouen, 1 O.M., 0.

A la reprise changement de décor. Rouen devient conservateur et l'O.M. attaque, ce qui est somme toute assez normal.

Mais cette manière de jouer ne présente pas que des avantages.

À la 50ème minute Buron prend la défense de l'O.M. de vitesse et se présente seul devant Moreira.

Nouveau plongeon de ce dernier dans les pieds de l'entreprenant attaquant rouennais et nouveau sauvetage in extremis.

Là-dessus Poulain fait une passe beaucoup trop molle à son gardien. Dogliani qui a suivi oblige Manollos à intervenir du pied.

L'O.M. ne joue pas battu, bien au contraire. C'est lui qui fait le jeu en attaque. Mais cela n'est pas suffisant ni pour marquer ni pour empêcher Rouen de le faire.

Après que les attaquants marseillais aient posé quelques banderilles, voici la contre-attaque redoutée et redoutable.

Destrumelle échappe à Leonetti et centre sur Lachot qui marque à bout portant (63ème minute).

Rouen 2, O.M. 0.

Les défenseurs de l'O.M. protestent, réclama u hors-jeu mais l'arbitre maintient sa décision.

Répétons-le, la tactique du hors-jeu, qui nous paraît inopérante utilisée à Marseille, l'est encore beaucoup plus à Rouen.

Et ce n'est pas fini !

A la 68ème minute, un centre de Legrand donné de l'extrême droite et repris comme à la parade par Destrumelle, seul comme par hasard face à Moreira, et c'est le 3me but.

Rouen 3. O.M. 0.

Le match se poursuivait sans passion quant, à la 75ème minute le grave incident que nous craignions depuis le début se produit.

À la suite d'un accrochage assez bénin entre Buron et Barellas, Milazzo venu jouer les justiciers, descend l'ailier gauche rouennais d'un coup de tête en pleine figure.

La vengeance appelant la vengeance on voit Druda faire derrière, le coup du lapin au capitaine olympien.

Il s'ensuit le vacarme qu'on peut imaginer nettement imaginer.

"Sortez-le, sortez-le !", crie la foule

Buron est emporté aux vestiaires le visage ensanglanté et Milazzo expulsé.

La fin de cette partie ne mérite aucun autre commentaire.

L'O.M. est battu par 3 à 0 !