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Résumé Le Provencal

du 24 février 1964

Le Lillois GAUTHIER fait le malheur de l'O.M....

il élimine MILAZZO dès la deuxième minute

et marque à la 77e le but de la défaite (3-1)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Louis DUPIC)

LILLE - Un homme qui pourra se vanter d'avoir été particulièrement efficace hier après-midi, c'est bien l'Argentin de Lille Orlando Gauthier. Bien entendu, et pour des raisons diamétralement opposées, certains joueurs marseillais auxquels on ne peut raisonnablement donner tort, lui conseillèrent vivement de ne pas venir passer ses vacances du côté de la Canebière, sous peine de se voir appliquer la peine du talion.

Quelles sont les faits ?

Dès la deuxième minute, et sans que la balle soit à distance de jeu, Gauthier appliqua à Milazzo un tackle si vigoureux que le tibia gauche que celui-ci ne put, par la suite malgré son courage, que jouer les figurants.

Cette intervention brutale allait donner son allure à la rencontre.

L'O.M., à Lille, n'avait jamais pensé accomplir une promenade de santé, les "Dogues" n'ayant pas perdu jusqu'alors un point à domicile. Mais du moins, les Marseillais pouvaient-ils légitimement espérer défendre leurs chances, avec tous les atouts autorisés par les règlements.

Des que Milazzo fut éliminé, les Lillois appuyèrent à fond sur l'accélérateur et bien entendu dominèrent de tout leur poids d'une façon écrasante.

Escale réussit alors quelques sauvetages remarquables, mais dut s'incliner sur un coup douteux, malgré ses protestations énergiques auprès de l'arbitre M. Vuillemin. Il est vrai que la tâche de ce dernier n'était pas facile, le stade Henri Jooris Nice, garni à craquer de quinze mille supporters frénétiques, ayant beaucoup de similitudes avec les arènes de Nîmes au temps des Romains.

Donc, Lafranceschina, hors-jeu semble-t-il, puisque posté en embuscade auprès du montant gauche du but marseillais, dévia légèrement de la tête un centre de Daquet et ouvrit le score.

À ce moment-là, nous avons pu craindre un véritable écrasement marseillais, les attaques des Lillois, orchestrées par le choeur des "buveurs de bière", se déroulant à la cadence de une par minute.

Il n'en fut rien. Les Olympiens s'organisent courageusement dans l'adversité, ils allaient bientôt en être récompensés.

À la 37me minute, Jean Pierre Dogliani "effaça" trois Lillois, de son allure coulée, avant d'aller marquer un but splendide d'un tir admirable de netteté.

L'espoir changeait de camp et il démarra dans celui de l'O.M. jusqu'à ce que Gauthier, à 13 minutes de la fin réussisse à redonner l'avantage à Lille à la suite d'un coup franc, la balle traversant une forêt de jambes marseillaises et nordistes et avant d'aller finir sa course dans les filets.

Le match était terminé et nous ne parlerons même pas du troisième but local, acquis sur corner grâce à une deuxième erreur de Vuillemin.

Mais il ne l'était pas pour Gauthier, qui trouva le moyen de faire sortir Richard Boucher, pleurant de douleur, sur une civière grâce, si l'on ose s'expliquer ainsi, à un geste que nous n'avons jamais vu sur un terrain de football.

Donc trois buts heureux contre un but admirable mais deux points pour Lille en définitive.

L'équipe lilloise qui ne nous fit pas plus grosse impression que celle qui obtint le nul au Stade Vélodrome, et qui ne vaut que par sa puissance, sa virilité et sa solidité d'ensemble, une équipe lourde et sans génie que l'O.M., à dix, put longtemps espérer tenir en échec et qui regrettera longtemps de ne pas avoir affrontée au complet et vraisemblablement battue !

En effet, toute l'élégance, l'imagination, le brio étaient du côté des dix Marseillais qui donnèrent assez souvent aux onze nordistes une leçon de football collectif et précis.

Pour notre compte, nous regretterons avant tout le monde que Keller, bien servi par Viaene, et qui allait seul au but, ait cru au hors-jeu et gaspillé par manque de sang-froid la balle du match, celle du 2 à 1 pour l'O.M., en même temps qu'une des rares occasions marseillaises.

En conclusion, nous avons vécu un après-midi dramatique, passant de l'abattement à l'espoir, de l'espoir l'abattement et à l'indignation. Car c'est un des matches au sujet desquels on se sent naître une âme de supporters...

Il est évident que la blessure de Milazzo fut l'événement le plus marquant de la rencontre. Sans l'un de ses éléments moteurs, O.M. dut modifier radicalement sa formation.

Peretti se replia profondément et grâce à son activité et sa hargne, se mit constamment en évidence.

Dogliani occupa le milieu du terrain avec Bernard et l'un et l'autre furent excellents.

Excellente aussi et courageuse toute la défense, Escale en tête, qui ne s'inclina que sur des coups heureux.

Tassone, Moulon, Sejnera et Boucher n'ont pas grand-chose à se reprocher.

Viaene et Keller, seuls avants de pointe, furent évidemment bien isolés face aux quatre arrières nordistes et on ne pourra leur tenir rigueur de n'avoir pas réussi l'impossible.

Bien que cette défaite l'arrêt n'arrange pas les affaires de l'O.M. et lui fasse néanmoins notamment perdre Milazzo pour plusieurs semaines, elle n'est pas de celles qui inquiètent pour l'avenir immédiat d'un club.

L'O.M. est tombé à Lille pavillon haut, victime de l'adversité. Les Marseillais doivent poursuivre leur objectif : ascension en Division nationale.

Pour mémoire, nous citerons de la solide équipe niçoise lilloise, l'arrière Navarro, le demi Dacquet et l'ailier gauche Bourbotte.

Lille est une rue machine à championnat qui, l'année prochaine en Première division, souffrira certainement faute être capable de passer à la vitesse supérieure.

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Trois buts heureux contre un magnifique

L'O.M. est battu...

(D'un de nos envoyés spéciaux : Marcel SERRES SUBE)

LILLE - Le coup d'envoi de ce match, qui se déroule dans un stade comble, est donné par l'O.M. Dès la deuxième minute, les Lillois, qui partent en trombe, obtiennent un corner.

C'est ensuite un second corner. Les buts marseillais sont très menacés, et Escale stoppe sur sa ligne la tentative de Lachot.

Milazzo invalide

Milazzo est touché durement bas de la jambe gauche par Gauthier. Victime d'une entorse, le joueur marseillais se traîne sur la touche et, invalide, ne sera plus d'aucune utilité pour son équipe.

À la 4me minute, Lafranceschina, servi par Bourbotte, menace Escale qui repousse cette tentative.

Une minute plus tard, une contre-attaque est menée par Dogliani et c'est un corner contre Lille.

Deux corners sont ensuite sifflés consécutivement contre l'O.M. A la 9me minute, nouvel arrêt d'Escale, sur un tir de Clauws.

A la 12me minute, Milazzo rentre mais, mais très touché ne peut courir et reste à l'aile gauche.

À la 13me minute, une attaque de Keller est stoppée énergiquement par deux Lillois.

On note, deux minutes plus tard un sauvetage d'Escale sur un tir de Lafranceschina, Knayer obtient ensuite un coup franc, tiré par Viaene.

Et Lille va ouvrir le score sur une phase de jeu assez discutable.

But douteux pour Lille

Nous en sommes à la 25me minute, Escale repousse le ballon, tiré par Dacquet, après une montée de Montagne. Ce ballon, repoussait par Escale, est repris par Lafranceschina, placé en embuscade près du poteau de corner.

C'est le premier point douteux, car le Lillois était certainement hors-jeu.

À la 28me minute, Milazzo sort du terrain.

Deux minutes plus tard, les buts marseillais sont menacés à la suite d'une faute de l'arrière gauche.

À la 35me minute Milazzo rentre de nouveau sur le terrain et fait une touche.

Un but de splendide marquée

par Dogliani

Nous en sommes à la 37me minute lorsque Boucher rabat la balle de la tête vers Dogliani, qui s'empare de la balle à 35 mètres des buts adverses.

Dogliani dribble merveilleusement trois adversaires et, arrivé à la limite de la surface de réparation, bat Van Goal d'un très beau tir croisé.

Et nous arrivons ainsi au terme de la première mi-temps.

La seconde mi-temps

Milazzo reste ailier gauche pour la deuxième mi-temps, alors que Peretti joue très replié Viaene étant en position d'avant-centre.

À la 50me minute, corner contre l'O.M.

À la 58me minute sur une poussée offensive de Boucher, corner contre Lille.

A la 60me minute, sur une action hors-jeu. Escale repousse devant deux Lillois placés en embuscade.

L'O.M. fait une partie très courageuse et déclenche quelques bonnes contre-attaques qui n'aboutissent pas.

Le tournant du match

A la 69me minute, une attaque Viaene - Keller échoue de peu.

Keller, bien lancé, marque une hésitation, se croyant hors jeu. Et c'est l'occasion manquée, en même temps que le tournant du match.

Nous notons que Peretti fournit un très bon travail défensif.

À la 73me minute, Dogliani lance son attaque qui échoue sur Mezzara.

La riposte est stoppée par Escale.

Deuxième but pour Lille

A la 77me minute, sur un coup franc tiré de 20 mètres, Lille marque un deuxième but. Une véritable forêt de jambes a gêné le goal marseillais, qui n'a pas vu arriver le ballon, tiré par le demi Gauthier.

Un faux corner et but !

A la 82me minute, corner contre Lille.

À la 84me minute, l'arbitre siffle un corner contre l'O.M. alors que c'est Lachot qui a repoussé le ballon. Sur ce corner, cafouillage devant les buts et Montagne pousse le ballon dans les filets marseillais, prenant Escale à contre-pied.

À la 89me minute, Boucher est étendu par une attaque caractérisée. L'auteur est bien entendu Gauthier, dangereux récidiviste.

Et le match s'achève alors que le malheureux Boucher et transporté au vestiaire sur une civière.

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Moulon : "Le tournant du match"

"Il est malheureux de tout perdre ainsi. Bien sur, en première mi-temps, nous pouvions prendre un but de plus. Mais ensuite, nous méritions beaucoup mieux. Aussi, à la 69me minute, lorsque Keller a manqué un but, il nous aurait fait mener au score. De plus, l'arbitrage ne nous a guère favorisés".

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ROBIN : "Ne pas perdre ainsi"

L'entraîneur Jean Robin tient à peu près le même langage.

"Nous avons perdu un match important. C'est grave, mais non dramatique. Ce qui m'ennuie le plus, c'est que notre défaite est trop injuste. Nous pouvions mener deux à 1 à la 20e minute et finalement nous perdons 3 à 1. Avouez que nous sommes très malheureux ! "

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MILAZZO : "Un danger public"

Fanfan Milazzo montre sa jambe gauche, atteinte d'une entorse avec arrachement ligamentaire : "Ce Gauthier est un danger public. Après avoir volontairement abîmé, il s'est livré à une agression inqualifiable contre Boucher."

Ajoutant que Gauthier a été tout de même l'objet d'un avertissement de la part de l'arbitre M. Vuillemin

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KELLER : "J'avoue que j'ai cru au hors jeu"

Quant à Antoine Keller, il nous dit : "J'avoue que lorsque je suis arrivé seul devant les buts lillois, j'ai cru être hors-jeu et je me suis affolé pour renvoyer le ballon au-dessus de la transversale alors que le chemin était ouvert.

 

 

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