Résumé Le Provencal du 27 avril 1964 |
DEVANT 15.000 SPECTATEURS MARSEILLAIS CONSTERNES Au Stade-Vélodrome : accident de la circulation du ballon ! O.M. : 0 - RED STAR : 2 |
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Tout arrive, en football, surtout imprévisible. C'est ainsi que le Red star, après une nuit passée dans le "Phocéen", a remporté le stade vélodrome, sa sixième victoire en déplacement de la saison. Et l'O.M., par la même occasion, perdu ses 10 et11me points à domicile. Contre toute attente, il faut bien le dire, et surtout contre celle des 13.288 supporters marseillais venus assister, en payant leur place, à cette rencontre qualifiée de simple formalité. Le plus paradoxal est que l'O.M. perdit nettement, alors qu'il aurait pu gagner trop facilement. Pour cela il eut suffi que Dogliani, pendant les cinq premières minutes, ne mit pas dehors, à deux reprises presque consécutives, un ballon qui apparemment ne demandait qu'à rentrer dans la cage de Dauheny. Méné deux à zéro à peine commencée la rencontre, le Red Star ne se fut certainement jamais remis de ce double coup du sort. Avantage au Red Star Sur le moment, on se dit : "Ce n'est que parti remise. La défense du Red Star est trop perméable, son gardien trop peu sûr pour que l'O.M. ne finisse pas par s'imposer". Ces optimistes réflexions faites, on s'aperçut, tout de go, que ces petits joueurs du Red Star ne maniaient pas la balle si mal que ça. Munoz mettait Boucher dans ses petits souliers, Rodighiero justifiait sa sélection dans l'équipe de Division II et, ma foi, les autres suivaient assez bien un mouvement savamment orchestré. Tant et si bien que qu'à la 14me minute, sur centre de Rodighiero et loupé de Escale, Orlot poussait la balle dans le but marseillais. Ça stérile domination de l'O.M. La suite ne fut plus qu'une longue et stérile domination de l'O.M. Domination qui ne se traduit que par un ordre imposant corners en faveur des Marseillais. Arrivé à ce point de la partie, l'O.M. fut surtout victime de la mauvaise circulation du ballon. Chacun voulait trop bien faire, le football fit place à la course à pied, à l'énervement, aux efforts trop individuels... bref, à ce qu'on appelle "la sobre pagaille". En face, tout au contraire, le Red Star mis en confiance, renforça sa défense et se mit à jouer la prudence, pour conserver son petit avantage. Ajoutez-y que Dantheny, pour les mêmes raisons, de mauvais devint bon, et vous saurez pourquoi l'O.M. ne put égaliser. Le temps passant... passant... la défense marseillaise, désireuse de participer à l'offensive, se dégarnit dangereusement. Et se produisit, alors, ce que l'on voit presque toujours en pareil cas. Une première fois Munoz passa, une seconde fois Rodighiero... et la troisième fut la bonne : d'un tir de 20 mètres environ, Novarro trompa Escale. Deux à zéro pour le Red Star, l'O.M. venait de se qualifier pour le barrage. |
À moins que de nouveaux exploits à l'extérieur ne viennent compenser cette défaite. N'accablons pas les Marseillais N'usons pas notre stylobille pour tresser des couronnes aux joueurs de l'O.M. Ne les accablons pas non plus, ce serait inutilement méchant. Une équipe doit se juger sur l'ensemble de la saison, or l'O.M. est tout de même, encore aujourd'hui 3me sur 18. Ce n'est pas si mal. Deux rudes batailles attendent les footballeurs marseillais, en mai et peut-être en juin. Il nous semble, par suite, contre-indiqué de les critiquer sévèrement par une seule défaite depuis plus d'un mois. Qu'ils aient à peu près tous mal joués hier, ils ne le savent que trop bien. Notre intention n'est pas de le dissimuler. Dogliani, c'est certain, accusa la fatigue de la vie et des multiples matches militaires. Bernard porta trop la balle, Keller parut embarrassé de ses longues jambes. Boucher ne fut pas à l'aise devant Munoz. Escale a un but et demi sur la conscience... Nous sommes bien d'accord. Or, il s'agit, en majorité, de joueur ayant permis à l'O.M., en dix mois de compétition de se trouver où il est. Alors ne serait-il pas injuste de leur retirer cette confiance pour un mauvais match ? Il ne faut exagérer ni les louanges, ni les critiques. Le sympathique Red Star Le Red Star a pu en première mi-temps par l'élégance et l'organisation de son jeu. L'équipe sympathique, on se plaît à l'écrire, et qui ne manque pas de bons joueurs. Citons Rodighiero, Munoc, Christian Oliver, sobre et sûr, Manzano, Novarro et, pour sa deuxième mi-temps Dantheny. Le Red Star a joué le jeu, qui pourrait le lui reprocher ? Dire que l'arbitrage serait responsable de la défaite de l'O.M. est une vue de l'esprit. Maurice FABREGUETTES |
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Le président LUCIANI : "Nous avons mal choisi nos joueurs pour ce match" Chez les Marseillais, tristesse était générale. Le président Luciani s'efforçait d'analyser froidement la situation : "Nous sommes un peu découragés car ce match était capital. Pourtant, nous l'avons bien préparé, nous avons fait un choix de joueurs imparfait. À la mi-temps, certains éléments ont reconnu qu'ils n'étaient pas en état de jouer ! Nous avons commis des erreurs techniques et tactiques. Deux buts, dans ces conditions, c'était un minimum..." L'entraîneur Jean Robin constatait sans plaisir : "Nous avons manqué trop d'occasions au début du match la partie ! Nous avons pris un premier but à contre-courant du jeu". Viaene soupirait : "Les Parisiens ont su faire courir la balle !" Boucher remarquait : "C'est un jour sans ! Si nous avions marqué au début de la rencontre, le match aurait pu prendre notre tour une tournure." Keller constatait de son côté : "Nous n'avons pas eu de réussite sur l'ensemble de la rencontre. Nous avons perdu trop de balle en voulant absolument marquer !" |
AVELLANEDA: "NOUS AVONS JOUE LE JEU !" Dans le camp audonien, les Parisiens étaient calmes, détendus. L'entraîneur Jean Avellaneda nous a dit simplement : "Notre force, c'est notre jeu collectif ! Nous avons joué le jeu ! Nous ne sommes pas meilleurs que l'année dernière. Nous réussissons mieux à l'extérieur parce qu'à Paris tous nos adversaires veulent faire le match de la saison ! Contre Marseille, nos contre-attaque aurait pu être plus efficace." Navarro rayonnait de joie : "Le score final est normal. J'ai été heureux de marquer un but, car quelques instants auparavant j'en avais loupé un ! Escale a fourni un bon match..." Dantheny, le héros de la rencontre, s'est écrié : "Nous avons eu des occasions nettes. Lors du match aller nous n'aurions pas dû perdre si je n'avais pas été laissé par Keller. Je souhaite tout de même aux marseillais de remonter !" Christian Oliver nous a confié à son tour : "Nous avons réussi à laisser passer l'orage en début de la rencontre, cela nous a donné confiance." Rodighiero ajouta : "J'aurais cru que les Marseillais seraient plus décisifs, plus dangereux." |
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