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Résumé Le Provencal

du 25 mai 1964

Déceptions !

L'O.M. est rejoint puis battu

Après avoir mené par 3 buts à 0

A la mi-temps contre GRENOBLE

Grenoble - Drôle de rencontre et extraordinaire renversement de situation ! Un des plus beaux et des plus inattendus qui nous ait été donné de voir, au cours de notre carrière.

Les choses avaient on ne peut plus mal commencer pour l'O.M. Pendant les 25 premières minutes, du haut de notre tribune, nous eûmes l'impression que l'air d'Orcières Merlette avait endormi les olympiens. La plupart d'entre semblaient avoir du coton dans les jambes. Ce qu'ils entreprenaient était petit, étriqué, les fautes succédèrent aux fautes.

Les arrières, surtout, s'en donnaient à coeur joie, et si Escale n'eut été, une fois de plus dans un jour faste et les avants grenoblois malheureux ou maladroits, les buts se fussent accumulés dans la cage de l'O.M.

Sur le terrain, on ne voyait que les maillots rouges des hommes de Batteux et le public fait en majorité de supporters marseillais, ceux de Grenoble ayant boudé la rencontre, on n'en croyait pas ses yeux.

Tour à tour Mourier, Toffoli, Stopyra s'étaient présentés seul devant Escale, sans arriver à conclure, et tandis que le gardien de Grenoble, Ducruet n'avait pas touché et d'ailleurs lâché le ballon qu'une seule fois sur un tir lointain de Keller, le même Escale, sans cesse mis à contribution, avait confirmé son excellent match de Metz.

Milazzo marque

Et bien, pour aussi curieux que la chose puisse paraître, nous n'aurions pas hésité à miser sur l'O.M. à ce moment-là, et perdu, si nous avions pu le faire. C'est un des "classiques" du football ; quand une équipe ne sait pas profiter des fautes ou de la déficience de l'adversaire, elle s'expose à être battu. Par soi-même nettement. Et, une fois de plus, la vieille règle parut confirmée par les faits.

À la 25e minute, succédant à une chaude alerte devant le but d'Escale, Keller lança adroitement Milazzo en plein centre. L'arbitre de touche agita son drapeau. Milazzo tira superbement dans la foulée et marqua. But ou pas but. On ne se posa pas la question longtemps, le même arbitre de touche se dirigeant, aussitôt, vers le centre du terrain. Il devait déclarer, après la partie avoir signalé un hors-jeu de position de Peretti.

On n'y fit pas attention sur le moment, mais cette attitude peu clair de l'arbitre de touche devait avoir beaucoup plus tard une influence décisive sur la rencontre.

3 à 0 à la mi-temps.

On n'y prête d'autant moins d'attention que, cinq minutes plus tard, Keller, reprenant au nez et à la barbe du jeune Ducruet un centre de Peretti, marquait un deuxième but. C'était le k.o. semblait-il.

Remis en confiance et ayant retrouvé leurs jambes et leur dynamisme, les olympiens se mire alors à mener le jeu à leur guise.

Grenoble, au contraire, donnait de la bande, et à la 40e minute, sur un corner très bien tiré par Viaene, Keller, de la tête encore, trompait à nouveau Ducruet.

3 à 0 à la mi-temps ; il ne nous restait plus qu'à établir le bulletin de l'histoire de l'O.M. C'est d'ailleurs ce que nous fîmes pendant la pause, tellement nous avions la certitude que les Marseillais sur leur lancée allaient remporter un éclatant succès.

Grenoble se déchaîne

et égalise

Que se passa-t-il en seconde mi-temps ? Les Marseillais eurent-ils le tort de vouloir protéger leur avance, ou bien subirent-ils le contrecoup de leur stage en montagne ? Bien malin qui pourrait le dire.

Une seule chose est certaine : les Grenoblois, avec une bonne volonté et un allant digne d'éloges repartirent à l'attaque.

Escale sauva à nouveau deux ou trois situations périlleuses, dont une lui valut d'être touchée par Stopyra. Mais enfin l'O.M. menait toujours par 3 à 0 et l'on pouvait croire que, comme en première mi-temps, il allait se ressaisir une fois l'orage passé.

C'est alors que tout se précipita. Cette petite - par la taille - attaque grenobloise se mit à réussir des buts très difficiles, alors qu'elle en avait tant raté auparavant, paraissant acquis.

A la 65e minute, centre de Garcin, reprise de Toffoli d'un angle fermé, et premier but grenoblois, Boucher ayant raté la balle. Trois minutes plus tard à peine, nouveau, nouveau but du même et jeune Toffoli, d'une reprise de volée cette fois percutante.

3 à 2 : l'espoir changeait de camp et le combat d'âme.

Fortement encouragés par leurs supporters, les Grenoblois accentuant leur pression et, à la 71e minute, au milieu d'un cafouillage, Desgranges égalisait de près.

Le calice jusqu'à la lie

Trois à trois, une sorte de stupeur paralysante s'empara alors des Marseillais.

Mais il n'avait pas bu le calice jusqu'à la lie. Sur une attaque Garcin - Stopyra, Tassone expédia le premier nommé au tapis.

Faute sans doute, mais qui ne méritait pas un penalty du moins à notre avis. L'arbitre accorda cependant, faisant ainsi jouer la loi de la compensation, et Toffoli battit une quatrième fois Escale.

Dernier sursaut de l'O.M.

Derrière nous, quatre supporters olympiens découragés, quittèrent la tribune, ce qui ne leur permit pas de voir le dernier et énergique sursaut de leur équipe.

L'O.M., en effet, réveillé pour la deuxième fois, ce rua littéralement à l'attaque, bousculant tout sur son passage.

Trop tard, hélas, pour les Marseillais, trop tard et Toffoli comme Escale en première mi-temps repoussa tout, dont un tir terrible de Viaene sur coup franc, qui paraissait devoir faire mouche.

Sur ce dernier exploit de la rencontre, M. Tricot siffla la fin de ce match passionnant bien que décevant pour l'O.M., un match dont on parlera et reparlera.

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IMMENSE DECEPTION DANS LES VESTIAIRES MARSEILLAIS

"C'est la montagne qui les a tués !"

(D'un de nos envoyés spéciaux : Alain DELCROIX)

Dans le camp marseillais après la partie, les visages étaient totalement déçus. Escale soupirait :

"Ce n'est pas possible ! on a tout contre nous !... À la mi-temps, j'aurais parié une maison qu'on allait gagner !"

Milazzo s'écriait :

"Chaque fois qu'on veut garder la balle derrière, en se fait rouler."

Moulon enchaînait :

"Vous avez vu les quatre buts que nous avons pris. Qu'est-ce que nous pouvions y faire ? On fera les barrages."

Entraîneur Jean Robin murmurait :

"En deuxième mi-temps nous avons perdu la tête."

L'un des dirigeants, M. Haon s'exclamait :

"Les Marseillais n'avaient plus rien dans les jambes en deuxième mi-temps, mais le penalty n'était pas valable."

Le président Luciani été franchement déçu :

"Comment voulez-vous jouer les barrages dans ces conditions ?"

Un dirigeant, M. Neumann disait :

"Jamais je n'ai vu la défense marseillaise jouer de cette manière. C'est impensable."

M. Alphandéry déclarait :

"Je ne comprends pas pourquoi nous avons joué la défense à outrance, en deuxième mi-temps !"

M. Bicais s'exclamait :

"C'est la montagne qui les a tués !"

Keller faisait remarquer :

"Je crois avoir fait le maximum."

Enfin, le masseur Moreni complètement accablé, constatait :

"Les Grenoblois ont eu de la réussite".

Dans le camp grenoblois, l'atmosphère était plus optimiste et l'entraîneur Batteux analysait la rencontre en souriant :

"C'est vraiment bizarre le football. On aurait pu mener 2 buts à 0 après un quart d'heure et à la mi-temps nous avions l'impression que le match était joué !"

Le président Behr était radieux : "Je pense que ce penalty était tout à fait normal, car les Marseillais ont commis une faute évidente.

Toffoli exultait : "Trois buts pour moi, c'est vraiment un beau jour".

Enfin Stopyra ajoutait : "Les Marseillais n'aurait jamais du perdre leur avance. Je ne sais pas comment ils se sont débrouillés".

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On a retrouvé le grand Keller

Marquant deux buts et faisant marquer le troisième de l'O.M., Keller, avec Escale, a été le meilleur joueur marseillais de cette mémorable rencontre.

Il y a déjà un bon moment que nous ne l'avions pas vu aussi mordant et aussi heureux dans ses actions.

Il est dommage que l'avant-centre olympien se soit pleinement retrouvé le jour même où son équipe accusait une nette baisse de forme.

Hier, à Grenoble, Keller, toujours à la pointe du combat, aussi bon dans la conclusion que dans la distribution du jeu, prit nettement le dessus sur la défense de Grenoble.

Il est regrettable que les trois buts qui ait marqué pouvaient ou fait marquer sur le terrain de l'adversaire, n'aient pas été suffisant pour assurer la victoire de son équipe.

Mais, ceci est une autre question.

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Et pourtant ESCALE

fut irréprochable

ESCALE fut de nouveau excellent, bien qu'ayant encaissé quatre buts. Sans lui, l'O.M. eut été certainement battu beaucoup plus nettement.

Il ne faut pas oublier qu'à cinq reprises, il vit un joueur grenoblois se présenter seul devant lui.

TASSONE eut des hauts et des bas. Certaines de ses interventions furent puissantes et excellentes, mais il commit plusieurs erreurs et quelques imprudences.

SEJNERA, moins bon et moins net que d'habitude. Il parut marqué plus que les autres par un séjour en montagne.

MOULON fit alterner le banc et le moins bon.

BOUCHER, depuis un mois déjà, c'est-à-dire depuis qu'il est rentré après sa blessure, n'est plus le brillant arrière que nous avions connu en début de saison. Hier, il peina à plusieurs reprises contre le jeune Toffoli, auteur de trois buts.

MILAZZO eut le mérite de marquer un excellent but dans le cours du jeu, il fit de bonnes choses, mais si l'on tient compte de sa valeur sa partie est simplement moyenne.

BERNARD, lui aussi comme Sejnera n'est pas son rendement habituel. Certes sa classe est indiscutable, mais hier on ne le vit pas très souvent dans le cours du jeu.

VIANE se signala surtout sur les coups de pied arrêtés, corners et coups francs.

En fin de rencontre, il faillit obtenir l'égalisation en tirant coup franc de façon remarquable.

KELLER, le meilleur joueur de l'O.M. hier, marqua deux buts, et en fit marquer un troisième et, du commencement à la fin se montra tout à son avantage.

PERETTI : bon également dans son style. Il se battit pendant toute la partie et sa rentrée peut-être qualifiée de bonne.

DOGLIANI, comme il l'avait fait à Metz, se signala quelquefois à l'attention par des actions d'éclat, mais trop et épisodiquement.

Les jeunes de Grenoble

ont brillé

Dans cette équipe de Grenoble qui, entraînée par Batteux joue à la rémoise, les jeunes et plus particulièrement Toffoli et l'ailier gauche Garcin furent à l'origine de ce succès.

Mais quelques vieux, dont Dereuddre, meilleur joueur sur le terrain, Stopyra et Desgranges, se montrèrent également à leur avantage.

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(Photo : Collection personnelle Christian Escale)

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