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Résumé Le Provencal

du 18 mai 1964

A Saint Symphorien ou les défenses ont primé les attaque

L'O.M. et ESCALE arrachent à Metz

Un point précieux

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

Metz (par téléphone) - Sous un soleil et un ciel méditerranéen, les deux équipes la lorraine et la méridionale, sans doute pour ajouter à la couleur sudiste de leur rencontre, adoptèrent ce que nous appellerons la tactique de l'huître. De part et d'autre l'on enferma et l'on referma le jeu, tant et si bien qu'à la mi-temps, les deux gardiens réunis n'avaient eu que trois arrêts relativement difficiles à faire. L'un de Heinrich sur une action marseillaise ayant eu Dogliani pour inspirateur, et deux d'Escale, sur des tirs de Tirelli et de Soerensen, le reste s'étant passé en longs dégagements, passes au milieu du terrain et recherche par les stratèges des deux équipes de partenaires démarqués généralement inexistants.

Il est bien certain que, quand sept joueurs sur onze dans les deux équipes ont des tâches presque exclusivement défensives à accomplir, l'offensive ne peut être que sacrifiée, c'est-à-dire livrée au bon vouloir de deux ou trois attaquants isolés, et à la chance du moment.

Les cinq dernières minutes de l'O.M.

Dès la mi-temps, on savait donc que la victoire irait au plus heureux, à l'équipe bénéficiant des incidents de jeu.

De fait, cette deuxième mi-temps, à l'image de la première, vit les deux attaques n'opposer aux deux défenses que des armes trop inégales en nombre, en poids et en esprit de détermination.

Jouant sur son terrain, soutenu par son public, Metz domina autant que faire se peut durant les quinze premières minutes de cette deuxième mi-temps.

Un bien fâcheux quart d'heure pour l'O.M. ! S'il ne fut pas, ce quart d'heure, celui de Rabelais pour les Marseillais, c'est que la chance, en quelques circonstances, et un très brillant Escale, furent de leur côté.

Tout à fait en fin de match, dans les cinq ou six dernières minutes, l'O.M. sentant que son adversaire s'était fatigué, se reprit très bien et l'on put croire au miracle d'une victoire obtenue in extremis.

Mais Heinrich, le gardien messin, comme précédemment Escale, arrêta les deux tirs marseillais qui eussent pu faire la décision : un de Sejner et un de Keller, ayant nécessité un audacieux plongeon du gardien messin dans les pieds de l'avant-centre olympien.

L'O.M. très trop défensif

Ce match nul à toutefois le grand avantage de conserver à l'O.M. ses chances pour une deuxième place, au cas ou pour Sochaux connaîtrait une deuxième petite défaillance à domicile. Mais il faut bien dire que cette façon de jouer des marseillais, à quatre arrières, trois demis et trois attaquants, dans un, Dogliani, n'est pas un attaquant de pointe, n'a convaincu personne.

Certes, un point très précieux pris en déplacement récompense cette grande prudence ; mais on ne pense pas que ce soit la bonne manière pour l'O.M. de disputer le barrage, si barrage il y a pour lui.

Nous avons vu très souvent jouer l'équipe marseillaise en déplacement cette saison. Aussi sommes-nous bien placés pour affirmer qu'elle n'a pas fait hier un de ses bons matches.

Car, en définitive, si la défense n'encaissa aucun but, la maladresse des ailiers messins et la lourdeur de Soerensen et de Bessonnart y sont pour beaucoup.

Une rencontre peu spectaculaire

Au demeurant, malgré l'importance de l'enjeu, la rencontre fut très correcte.

Il y eut bien certes, quelques accrochages, mais assez bénins, comme on en voit tous les dimanches un peu partout en France.

Ce qui marqua le plus cette rencontre et lui donna son caractère particulier fut le désir évident des deux équipes de ne jamais prendre le moindre risque.

Chaque adversaire donna l'impression de redouter l'autre, ce qui nous valut une rencontre très peu spectaculaire et pas assez passionnée pour passionner vraiment le public.

Milazzo :"Seul compte le résultat"

L'O.M. privé de Peretti et ayant choisi Makowski pour lui faire jouer son rôle défensif, celui du troisième demi, ne trouva jamais son homogène.

La liaison entre les diverses lignes fut plutôt mauvaise et Keller et Viaene tellement isolés que seul un grand exploit de leur part eut pu leur permettre de franchir la défense messine, elle aussi très groupée.

C'est là le visage de plus en plus habituel du football d'aujourd'hui. Il eut fallu un but de part et d'autre pour lancer vraiment la rencontre.

Ce but ne fut jamais marqué, pour des raisons diverses, et nous restâmes en fin de rencontre sur l'impression d'avoir assisté - pour reprendre une expression chère aux boxeurs - à un round observation jamais terminé.

Enfin l'O.M., tout en jouant, à pris un point sur le terrain de l'un de ses adversaires les plus redoutables.

Concluons comme Milazzo : "Qu'importe la beauté, seul le résultat compte".

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Contents quand même ?

METZ - L'O.M.et Metz étaient également à la recherche d'une victoire. De ce fait, le match nul ne pouvait satisfaire entièrement les ambitions de l'O.M. et pas du tout celles des Lorrains.

Cependant M. Bicais estimait que tout autant que Metz l'O.M. pouvait prétendre à la victoire et c'était pareil, si l'on considère les occasions qui échurent à l'O.M. en fin de match.

Point de vue partagée par M. Neumann, autre dirigeant accompagnateur. Milazzo, André Moulon et le capitaine Richard Bouchet :

"Un point, c'est tout de même bon à prendre, d'autant plus que la blessure de Makowski nous a obligé à plus de prudence. C'est Metz qui est le perdant dans cette affaire et non pas nous."

Jean Robin, pourtant, n'était pas très content :

"Nous n'avons pas fait un bon match, même en considérant que Metz est bien difficile à manoeuvrer sur son terrain. Je n'avais pas donné des consignes aussi nettement défensives et nos avants ont été trop isolés.

"Il est vrai que la blessure de Makowski nous a handicapé dans le sens qu'elle nous a désorganisé."

Pendant ce temps-là, une partie de l'expédition était pendue à l'écoute des postes portatifs qui apprenaient à tout le monde le demi échec de Sochaux sur son terrain contre Forbach.

Du coup, ce fut une explosion de joie générale, chacun se promettant bien de faire le maximum pour arracher aux Sochaliens la seconde place qualificative.

LG

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Le sauveur

Escale, qui venait au cours des deux dernières rencontres disputées par l'O.M. à Marseille, de faire deux parties assez quelconques, c'est amplement racheté à Saint-Symphorien.

Il ne commit aucune faute, sortit avec beaucoup d'opportunités et surtout réalisa cinq ou six arrêts magistraux qui eurent pour effet de conserver à l'O.M. le point précieux du match nul.

De tout les Olympiens, il fut le seul avec le petit Sejnera à avoir joué l'un de ses meilleurs matches de la saison.

Il est d'ailleurs encourageant de constater que ces deux joueurs, encore amateurs la saison dernière, furent les plus calmes, les plus précis et en définitive les meilleurs de leur équipe au cours de cette rencontre capitale disputée sur le terrain de l'adversaire.

Le résultat d'une rencontre est toujours du à toute une équipe ; mais, hier à Metz, la part prise par Escale dans le demi-succès de l'O.M. fut prépondérante.

Pendant le fameux premier quart d'heure de la deuxième mi-temps, qui vit Metz dominer à outrance et se montrer très dangereux, Escale se comporta en gardien expérimenté, sur de lui et audacieux en même temps.

Beaucoup de qualités pour un joueur qui en est à sa première saison professionnelle.

Escales mérite qu'on lui fasse pleinement confiance. Il possède les qualités qui font les grands gardiens de but.

Ce qui peut parfois lui manquer s'acquiert avec le temps.

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