Résumé Le Provencal du 01 juin 1964 |
A AIX, entre deux adversaires contractés ou fatigués Un décevant derby sans flamme ni classe ! Battu (2 à 1) l'O.M. ne peut s'en prendre qu'à lui-même |
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Nous commencerons par le mot de la fin. Donc, pendant que les deux équipes se douchaient, de docteur Luciani nous dit : "Cette semaine j'ai fait mes comptes financiers. Ils sont en règle. J'ai pris la peine, aussi, de faire les comptes sportifs de l'équipe. Il m'est apparu que Sochaux pouvait connaître une nouvelle défaillance. Je l'ai longuement expliqué à mes joueurs. Il me reste une seule chose à faire : m'entraîner pendant l'intersaison et rechausser les souliers à crampons la saison prochaine. Ces paroles prenaient d'autant plus de poids que l'on croyait à ce moment que Sochaux avait été battu par Nancy. Erreur de transmission. Un match décevant Quoi qu'il en soit, l'O.M. ne peut s'en prendre qu'à lui-même s'il n'a pas gagné ce match qui, sans être absolument de la dernière chance, risque de compromettre son excellente saison. La rencontre terminée, il n'était question, dans le camp olympien, que d'un but refusé à Keller au début de la deuxième mi-temps. "C'est une justice !". Et du but marqué par Casolari : "Il était hors-jeu, c'est un scandale !" Côté aixois, bien entendu, en nous affirma que le but accordé à Keller était nettement hors-jeu et celui refusé au même joueur parfaitement irrégulier. De notre place, au sens des tribunes, et assez loin des deux surfaces de réparation, nous n'avons jamais eu la prétention d'y voir plus clair que M. Carité et ses adjoints mais une chose nous est apparue évidente : cet Aix - O.M. fut une bien vilaine rencontre. Plusieurs spectateurs, suivant ordinairement le football amateur, nous ont affirmés sous le coup de déception : "Vos "pros" ne brilleraient pas en C.F.A. !" Exagération sans doute, mais c'est dire à quel point ce derby, sans flamme ni classe, déçut tous ceux qui y assistèrent, sauf les supporters de l'équipe victorieuse. L'A.S. Aix exagérément défensive Est-ce la fatigue ou l'énervement l'A.S. Aixoise ne nous rappela que d'assez loin la brillante équipe qui, sous nos yeux à Montpellier, avait malmené un bon Racing. À vrai dire, nous n'avons pas compris pourquoi les Aixois, jouant pour l'honneur, avaient adopté dès le départ une tactique extrêmement défensive. Se mettrait-on à copier l'Inter de Milan en France ? Quoi qu'il en soit, l'A.S. Aix pourtant généralement maîtresse du ballon, joua constamment à deux ou trois joueurs, à peine en pointe et isolée. Casolari au centre, Séné a une aile ou à l'autre, courant comme des dératés, sans ordre ni raison, c'était bien peu et bien primaire pour espérer tromper une défense de l'O.M., pourtant en forme assez moyenne. C'est d'ailleurs pourquoi les deux buts aixois, un exploit de Le Donche tirant de 20 mètres et une échappée réussie de Casolari à la limite du hors-jeu, ne parvint pas en conclusion de mouvements offensifs concentrés. Vouloir singer l'Inter ou Lyon sans avoir des Mazzola, Jair, Corsod... Combin ou Rambod, est compter uniquement sur la chance pour marquer. Le cas CASOLARI Dommage, car l'A.S. Aix compte dans ses rangs assez de bons joueurs pour ne pas avoir à redouter l'O.M. de ce dimanche de mai. Nagy, bien que spectaculaire à l'excès et en ayant souvent "rajouté", reste un des bons gardiens français. |
L'international amateur Planté et Revelli valent bien la plupart de leurs confrères de deuxième Division, y compris ceux de l'O.M. Gilles, lui, est pétri de classe et son ami Richard ne manque ni "d'abattage" ni de sang-froid. Était-il vraiment utile d'ajouter presque constamment à ces quatre arrières excellents Rossi et l'homme à tout faire Plazza ? Devant cette superdéfense, supérieurement renforcée, Cassar se perdit à vouloir trop en faire et Le Donche aurait paru très effacé s'il n'avait marqué un but superbe. Séné, s'il ne marqua aucun but, n'en fut pas moins le plus dangereux de l'attaque aixoise. Casolari pose un cas. Son mordant, son efficacité, son culot ne servent, le plus souvent à rien, tant son aveuglement est grand. L'O.M. avec et sans BERNARD De l'O.M. on vit deux visages. Le premier assez séduisant tant que Bernard put tenir la barre. Une fois Bernard fatigué, ou plus heureusement marqué, l'O.M. ressembla à une équipe invertébrée, comptant essentiellement sur les fautes de l'adversaire pour marquer ou ne pas encaisser de buts. Escale s'il n'avait été deux fois surpris par la tête Séné aurait mérité une nouvelle fois la mention très bien. Tassone et Sejnera jouèrent bien mieux que Grenoble, ce qui n'est tout de même pas une grande référence. Moulon essaya avec une bonne volonté évidente, de diriger sa défense. Il prit presque toujours l'avantage sur Casolari, sauf une fois. À ce sujet nous persistons à penser que la tactique dite du hors-jeu est une arme à double tranchant. Le règne de l'inachevé Bordere fit ce qu'il put avec énormément de courage. Des trois remplaçants c'est lui qui tira le mieux son épingle du jeu. De Leonetti on parlera assez peu, car il sembla manquer de compétition. Joseph, enfin après quelques jouables initiatives en début de match, sombra dans l'anonymat. Bernard fut le meilleur joueur sur le terrain pendant une trentaine de minutes. Le but qu'il donna à Keller, après avoir "escamoté" toute la défense aixoise, et du grand art. Le reste, hélas, ressort de l'artisanat. Peretti fit une très bonne première mi-temps et Keller se battit sans grande réussite. Viaene pour sa part, se contenta d'assez peu : un tir remarquable, quelques dribbles, deux ou trois centres et autant de coups francs. Bref, peu près tout ce qu'entreprit l'O.M. le fut sous le signe de l'inachevé du manque de forme ou de confiance. Il n'est que temps, à l'heure du barrage, que cette équipe retrouve l'essentiel de son style et de ses qualités. |
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Jean ROBIN : "Il ne faut pas chercher d'excuses" De nouveaux les visages étaient tristes dans les vestiaires marseillais. Le président Jean-Marie Luciani s'efforçait de demeurer calme : "Nous ne sommes même pas sûrs de jouer les barrages. La fin du mois est assurée, tous les clubs ne peuvent pas en dire autant !" L'entraîneur Jean Robin été soucieux : "Il ne faut pas chercher d'excuses ! Nous avons perdu en étant médiocres". Viaene s'exclamait : "Perdre encore dans ces conditions ! C'est incroyable ! L'arbitre ne nous a pas gâté !" Moulon exhalait de rancoeur en ces termes : "Nous ne sommes pas capables de garder la balle ! Nous jouons avec les moyens dont nous disposons !" Henri Leonetti était ulcéré : "Il vaut mieux aller jouer aux boules que disputer un match dans ces conditions !" Milazzo constatait : "Je crois que le but refusé à Keller était valable". Bordere soupirait de son côté : "Je suis écoeuré ! L'arbitre nous refuse un but valable, puis accorde aux Aixois un point douteux". Alain DELCROIX |
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Satisfaction chez les Aixois Chez les Aixois, chacun éprouvait la satisfaction du devoir accompli. Casolari était enchanté : "J'ai été souvent dans le vent, mais ma persévérance a été récompensée. Pourtant j'ai terminé ce match essoufflé !" Revelli remarquait : "Ce fut dur à cause de la chaleur. Viaene est dangereux mais il joue trop en retrait". Plaza disait en souriant : "Nous sommes ravis de ce succès. Je crois que nous avons mérité de gagner !" Nagy commentait la rencontre par ces mots : "C'est normal que l'arbitre ait refusé le but de Keller, il s'est aider de la main". L'entraîneur Bela Herczeg dit à son tour : "Nous sommes contents du résultat final. On peut discuter sur l'arbitrage. Nous avons eu des occasions, les Marseillais aussi, mais nous avons mieux su les exploiter. |
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