Résumé Le Provencal

du 13 septembre 1964

JOUANT A 10 ET PARFOIS A 9

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

Metz - Il fait ce soir à Metz ce que nous appellerions à Marseille un très léger mistral dans les deux équipes se présentent devant le public. À Metz, Lozfquist est finalement remplacé par Muller. Pas de changement de dernière minute à Marseille. Et c'est parti.

Les cinq premières minutes sont d'observation. L'O.M. paraît décidé à donner à Metz une leçon de prudence et d'hermétisme. C'est ainsi que Sejnera joue la défense en position de détonneur. Le jeu est vif, les deux équipes ne ménagent pas leur peine, mais le spectacle est simplement moyen. Enfin, bien que se laissant dominer et misant tout sur la contre-attaque, l'O.M. ne se débrouille pas mal du tout.

Il se débrouille même si bien, l'O.M., qu'à la 18me minute, sorti de sa coquille, il passe à la contre-attaque. De la gauche ou se trouvait Savoye, la balle, sur un contre rebondit devant Bordere. Celui-ci de 25 mètres au moins, tape comme un courd et c'est une véritable fusée spatiale que le gardien messin ne peut que repousser du poing devant lui. Joseph qui a suivi, n'a plus qu'à pousser le ballon dans la cage, mais c'est Bordere que ses partenaires embrassent. O.M. 1 - Metz 0.

Passablement vexé par cet exploit marseillais assez inattendu, les Messins repassent à l'attaque tandis que Bordere, touché peu après son fameux tir, se fait soigner sur la touche.

La partie s'anime ; à la 27me minute, Tirelli inspirant de Bordere, réussi à son tour un tir atomique d'une vingtaine de mètres en direction de la cage de l'O.M. Mais Escale, plus heureux que son confrère d'en face, se détend et dévie ce bolide en corner.

C'est aussitôt une contre-attaque de l'O.M. Jullien sert Savoye sur la gauche, mais le tir du jeune inter passe à côté. Le bon exemple étend commutatif, Baulu se dit "Pourquoi pas moi" et lui aussi réussit un tir remarquable de force et de violence que le gardien messin, imitant Escale, dévia en corner. Bravo Baulu, bravo Lutvizak.

La pression messine commençait à se relâcher un peu quand (32me) sur une action assez confuse devant les buts marseillais, Muller, assez peu discutablement en position de hors-jeu, égalisa d'un tir retourné. But accordé malgré les protestations des joueurs marseillais. O.M. 1 - Metz 1.

A peine vient-on de l'engager que Sejnera, en voulant passer à Escale, ne rate que d'un cheveu la cage de son partenaire et ami. Ouf ! Metz s'est remis à dominer en cette fin de mi-temps et un tir de Mazzucci permet à Escale, très en verve ce soir, de réussir un nouvel arrêt délicat. Le public, il faut bien le dire, n'apprécie pas la manière ultra défensive de l'O.M. Manière qui est pourtant exactement celle dont use le football de Metz en déplacement.

Dès la reprise, les Messins démarrent à fond de train. Après que Wagner ait raté de la tête un but paraissant acquis, Muller, toujours de la tête, reprend un centre de Mazzucci et trompe Escale. Metz 2 - OM 1.

Disons à la décharge des Marseillais que Bordere, qui souffre d'un coup à l'aine ne joue plus qu'un rôle de figurant depuis longtemps déjà. Résultat : l'attaque de l'O.M. se voit réduire à deux ou trois joueurs tourbillonnants. Que ces deux ou trois joueurs aient réussi au 8me et 10me minutes par Savoye et Bordone deux bons tirs sur contre-attaque n'en est que plus méritoire.

D'autant plus méritoire que maintenant l'O.M. ne joue plus qu'à dix, Escale, qui se faisait soigner par Mario Zatelli depuis le deuxième but de Metz, ayant quitté définitivement le terrain. C'est Tassone qui le remplace et qui sur centre de Vagner, intercepte la balle dans un style d'une parfaite clarté. On l'applaudit. Pas pour longtemps, cependant, car sur l'attaque messine qui suit (61e), Tirelli le trompe d'un tir assez difficile à arrêter, il est vrai. Metz 3 - O.M. 1. Et Escale, la cuisse bandée reprend sa place.

Ce retour a réveillé l'O.M. et Baulu qui, après avoir fait avec la complicité de Koudio le plus beau vol plané de sa vie, place un assez joli tir que le gardien messin ne peut que le dévier en corner. Et cette fois (66me) Bordere quitte définitivement le terrain alors qu'Escale doit stopper à rendre peine un tir de Tassone (et oui !) avant de bloquer la balle par un plongeon audacieux dans les pieds de Muller.

Il y a plus de match, mais Escale, malgré sa souffrance, n'en réussit pas moins deux ou trois arrêts exceptionnels, un sur tête de Vagner à bout portant et un autre sur tir de Muller.

Sans Escale, l'O.M. aurait certainement subi ce soir une plus lourde défaite que ce 4 à 1. Nous disons bien 4 à 1 car à la 81me minute, alors même que nous écrivions ces lignes, Tirelli venait de tromper le goal marseillais une 4me fois.

Une partie complètement faussée

Et sans signification aucune

METZ - L'O.M. avait projeté de battre ou au moins de tenir en échec le Football Club de Metz à la messine. On connaît assez bien, surtout à Marseille, la tactique du club à la croix de Lorraine pour n'avoir pas à faire un dessin. Une défense renforcée avec un bétonneur jouant derrière ses partenaires, et devant, deux, trois ou quatre avants profitant de toutes les occasions et de toutes les balles expédiées loin et fort par leurs camarades de derrière. Le plus admirable et que cela a bien failli réussir.

En première mi-temps, l'O.M. en 5 ou 6 contre-attaques, rondement menées, marqua un but assez étonnant et faillit même en marquer un autre. Mais par la suite, la partie fut complètement faussée. Tout d'abord, Bordere peu après son exploit, ne fut plus d'aucune utilité et ses partenaires avant de quitter définitivement le terrain en 2me mi-temps. Ensuite Muller devait égaliser alors qu'il se trouvait franchement en position de hors-jeu. En 2ème mi-temps, la malchance devait s'acharner sur les Olympiens, le troisième but de Metz étant marqué alors qu'Escale se faisait soigner aux vestiaires et était remplacé dans la cage par Tassone. Le reste fut sans importance.

Sans doute, sur l'ensemble de la partie, Metz a le plus souvent dominé et son attaque a obligé Escale à réussir quelques arrêts quasi miraculeux. Mais on ne saurait préjuger de ce qui se serait passé si l'O.M. avait joué à 11 de bout en bout, et si l'arbitre avait accordé un premier but dont nous répétant (et c'est l'avis général) qu'il était on ne peut plus hors-jeu.

Dans ces conditions, on ne saurait juger cette équipe de Marseille, qui ce soir à défaut de grande classe à jouer avec un coeur admirable et ne méritait certainement pas tous les malheurs qui s'abattirent sur elle. Escale, nous l'avons déjà dit, a été le héros heureux et malheureux de la rencontre. Devant lui, la défense proprement dirigée par Markiewicz s'est montrée intraitable tant que l'équipe de l'O.M. a pu jouer au complet. Bordère, avant sa blessure, avait réussi ce qui fut le grand exploit de la rencontre.

Parmi les jeunes, nous avons surtout remarqué le grand Jullien qui se mit en valeur grâce à son travail et la qualité de sa frappe de balle. C'est certainement un joueur à suivre. Savoye fut de toutes les batailles en couvrant un terrain énorme. Les attaquants de pointe, Baulu, Joseph et Bordonne, livrés à eux-mêmes, réussirent cependant à mettre plusieurs fois en danger le gardien de Metz, ce qui est tout à leur avantage. L'équipe messine obligée cette fois, pour gagner la rencontre, de passer franchement à l'attaque, faisant monter ses défenseurs et plus particulièrement le Noir Koudyo.

Dans cette équipe, qui paraît appelée à jouer un rôle intéressant dans le championnat, nous avons plus particulièrement remarqué Massucci, d'avant-centre Muller ailier droit Tirelli.

Mario ZATELLI :

C'est un scandale !"

Mario Zatelli, furieux dans les vestiaires après la rencontre : "C'est un scandale, nous a-t-il dit. Ce premier but messin a été accordé alors que Muller était complètement fors-jeu. De plus, tout se ligue contre nous. Bordere blessé, Escale touché lui aussi et qui a dû quitter le terrain sur les épaules de son partenaire. Bordere est touché à l'aine et Escale souffre d'un hématome violent à la cuisse. Dans ces conditions, nous répéta Zatelli il est impossible de juger mon équipe qui, à mon avis, a fait tout son devoir, ce soir à Saint-Symphorien"