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Résumé Le Provencal

du 26 octobre 1964

 

Festival Joseph à Cherbourg

et première victoire de l'O.M.

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

CHERBOURG (par téléphone) - Le mariage de la Normandie et de la mer a rendu Cherbourg très agréable aujourd'hui pour des Méridionaux. Il y faisait beau. Un certain soleil brille et la pelouse que nous venons de taper du pied est en excellent état.

La bonne tenue de l'équipe locale fait qu'un public assez nombreux ses rendus au stade municipal.

"Rien à signaler à l'O.M., nous a dit l'accompagnateur, Mario Zatelli. Nous jouerons dans la formation prévue avec Cassar".

23' : Bolis s'ouvre le score

Après les dix premières inévitables minutes d'observation, la première action remarquée de la rencontre est un tir de Baulu de plus de 20 mètres, le ballon passant juste au-dessus la transversale, alors que Donayan paressait battu.

Les deux équipes font jeu égal, l'O.M. suivant son habitude, jouant sensiblement mieux qu'il ne le fait au stade vélodrome.

Mais Cherbourg conduit les opérations tout de même et à la 23e minute, l'ailier gauche Poirier dribble et redribble Tassone avant de centrer sur la tête de son avant-centre Bolis qui marque un fort joli but.

Cherbourg 1 - O.M. 0.

42' : but de Baulu refusé

C'est le train-train : bonne volonté de part et d'autre, mais l'essentiel se passe au centre du terrain. Il faut que l'O.M., passé à l'attaque, se soit imprudemment découvert pour qu'une contre-attaque offensive du rapide Lekkak, le meilleur joueur de pointe sur le terrain, fasse souffler un vent de panique dans la défense marseillaise.

Nous sommes déjà à la 40e minute et les deux gardiens n'ont encore rien eu de vraiment difficile à faire.

L'O.M. domine en cette fin de mi-temps et rien n'est perdu pour lui.

C'est ainsi qu'à la 42e minute, sur coup franc tiré de la droite par Cassar, Donoyan, sorti, ne peut s'emparer de la balle et Baulu égalise. Mais l'arbitre estimant que Donoyan avait été bousculé irrégulièrement, refuse ce but.

1 à 0 pour Cherbourg pour à la mi-temps.

Baulu blessé

Mario Zatelli a dû élever le ton pendant la pause, car l'O.M. manifeste quelques velléités offensives dès la reprise, surtout Joseph dont on peut cependant regretter que la place d'ailier gauche ne lui convienne. Mais à peine écrivons-nous cette parenthèse que Baulu, victime d'une série de faux mouvements, devait quitter le terrain sur une civière.

Aussitôt après Lekkak passait facilement la défense de l'O.M., en son centre et donner à Bolis. But ? Non, avant-centre de Cherbourg rate complètement son tir.

Là-dessus corner pour l'O.M. Bond spectaculaire de Joseph. Baulu, souffrant semble-t-il de la cheville droite rentre boitillant pour se placer l'aile gauche.

72' : Joseph égalise

Depuis un petit moment, nous sommes à la 60e minute, c'est la panique au sein de la défense de Cherbourg.

Devenue avant-centre par la force des choses (n'eut-on pas pu procéder à ce changement plu tôt), Joseph pèse de tout son poids sur ses adversaires. Il s'ensuit deux corners, un coup franc et une constante menace olympienne, menace concrétiser à la 70e mn : Cassar tire un coup franc de la droite sur Roig qui dévie la balle en direction de Joseph ; celui-ci s'élève bien au-dessus de ses partenaires et adversaires et d'un magistral coup de tête - le vrai coup de boule cher à Pironti - égalise !

Cherbourg 1 - O.M. 1.

78' : Joseph encore

Le ballon va, vient d'un camp à l'autre. On devine que le sort est en train de peser le pour et le contre. A qui va-t-il accorder la victoire ? C'est l'O.M. qui est choisi !

Devant Joseph et Baulu l'invalide, la défense de Cherbourg s'affole. Joseph, le premier sur la balle, la glisse d'un revers de pieds dans la cage gardée par le Ciotaden Donoyan.

Cherbourg 1 - O.M. 2.

On n'a plus l'impression que Cherbourg touché au moral, puisse redresser la situation. C'est au contraire l'O.M. qui se montre le plus dangereux.

Deux corners arrachés en force par Joseph et un tir de Pool sur le l'extérieur du poteau droit. Allons-nous assister à la première victoire de l'O.M. ? Peut-être ben que oui, peut-être ben que non. Nous sommes en Normandie, n'est-il pas vrai ? Et Cherbourg se réveille durant les dernières minutes !

Mais Markiewicz commande ses arrières, Escale se montre très sur et l'arbitre siffle la fin.

L'O.M. a bien gagné et vient d'abandonner la lanterne rouge à Béziers et au Racing.

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Le malheur de BAULU

fait le bonheur de l'O.M.

CHERBOURG - Un événement imprévu a modifié la physionomie de la partie, et a permis à l'O.M. de transformer en victoire une rencontre jusque-là simplement honorable.

La deuxième mi-temps venait de commencer et si l'équipe de Marseille au sein de laquelle Cassar savait se montrer utile, surprenait agréablement la foule normande, venue en nombre pour voir triompher les siens, l'attaque de l'O.M. se montrait d'une désolante stérilité.

Devant cet état de fait, nous nous préparions déjà, tout en signalant la bonne performance de l'équipe marseillaise, à titrer sur une honorable défaite quand Baulu se blessa à la cheville.

Joseph a désaxé

la défense de Cherbourg

De ce fait, en apparence malheureux, Joseph redevint avant-centre et aussitôt le combat change d'âme.

Alors qu'à l'aile gauche les efforts généreux de l'athlète noir marseillais étaient sans grande utilité, au centre, plus près des buts, et de face, ils constituèrent pour l'assez faible défense de Cherbourg une menace puissante et constante.

On sait déjà que Joseph marqua les deux buts de l'O.M. et surtout qu'il désaxa complètement tout le système défensif de l'adversaire.

Avant le passage de Joseph au centre, la défense normande jouait en complète décontraction. Sous les coups de butoir du noir olympien elle perdit toute sérénité et partant toute sûreté.

Nous espérons que la leçon sera retenue.

Avec des qualités et les défauts que nous lui connaissons Joseph et encore, et d'assez loin, le seul avant-centre possible à l'O.M. et, même s'il n'a pas tous les dimanches la même réussite, on doit le conserver à ce poste.

Cassar : bons débuts

Avant le festival Joseph et la victoire assurée pour l'O.M., l'équipe de Mario Zatelli avait fait sensiblement jeu égal avec sa rivale ce qui, sur le terrain de l'adversaire, est toujours chose appréciable.

Cassar, pourtant encore en partie petite forme, se rendit utile à l'équipe grâce à ses services longs et à la précision de ses coups francs. En particulier le coup franc qui permit à Joseph d'égaliser, fut un modèle du genre.

Pour le reste, Escale fut irréprochable et Markowicz, bien aidé par Sejnera assura la stabilité de la défense, une défense qui, cependant, ne fut pas exempte de tout reproche, car les ailiers de Cherbourg passèrent quelquefois avec une excessive facilité. Au centre du terrain, Bordere se battit avec le courage qu'on lui connaît.

En attaque, les presque débutant Poujol et Roig tinrent honorablement leurs places.

Baulu avait été bon et entreprenant jusqu'à sa blessure, mais nous pensons qu'il serait meilleur à l'une des deux ailes ou sa vitesse et sa finesse pourraient s'exprimer plus complètement.

Cherbourg assez décevant

L'équipe de Cherbourg a déçu même ses plus chauds supporters. Sa défense surtout paraît très vulnérable et sujette à de véritables crises d'affolement tant et si bien que les meilleurs joueurs de cette équipe ont été les deux ailiers Lekkak, Poirier et le demi Gosselin.

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Mario ZATELLI : "encore une

les gars !"

CHERBOURG - D'avoir trop crié pendant la rencontre, Mario Zatelli, entraîneur pourtant heureux était complètement aphone après le match, et incapable de manifester sa joie autrement que par des grognements inaudibles.

"Encore une les gars" dit-il à ses joueurs et puis encore une autre, peut-être pourrons-nous réussir une bonne série qu'il nous sortira de ce pétrin !"

Les joueurs se rhabillaient en toute tranquillité, et parmi eux, Joseph, le héros de la rencontre dissimulait sa joie.

Nous avons demandé à Baulu de ses nouvelles. Le petit attaquant olympien nous a dit : "Je me suis blessé tout seul en faisant un faux mouvement. J'ai l'impression de m'être fait un arrachement des ligaments de cheville". Ce diagnostic fut confirmé par le médecin de service qui indique toutefois que ce ne serait pas très grave et que Baulu pourrait vraisemblablement jouer dimanche prochain.

 

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